Ceci est un (re)copier>>(re)coller de l'article de A. J. Holbeck publié sur le site http://www.onnouscachetout.com
Il
s'agit d'un exposé didactique sur l'économie, et la
véritable identité de l'argent. Régalez-vous!
[Débat] Un autre regard sur l'économie : sortir de la pensée unique
1. La Dame de Condé
Nous
sommes à Condé-sur-Gartempe. Son hôtel de la Gare
est réputé pour ses ortolans et sa discrétion...!
Un vendredi après-midi débarque une jeune femme,
d’apparence comvenable, bien qu’un peu trop fardée.
Elle
réserve une chambre pour la nuit et, comme elle n’a pas de
bagage, elle laisse en acompte un billet de 100 euros, tout neuf.
Puis elle s’en va visiter la vieille ville.
Le pâtissier
qui a vu la scène dit au patron: « ça fait six
semaines que vous me devez 100 euros pour la pièce montée
que j’ai livrée à l’occasion de la communion de
votre fille. » Le patron lui donne le billet de bonne
grâce.
Comme cette scène a été vue par
d’autres, elle se reproduit cinq nouvelles fois, car le pâtissier
devait aussi 100 euros au minotier... qui en devait autant au
garagiste... lui-même débiteur de cette somme au
boucher... qui avait à régler 100 euros au représentant
de la maison Erlida... lequel devait à son tour acquitter sa
chambre à l’hôtel de la Gare pour 100 euros.
Il
redonne donc le billet au patron de l’hôtel.
Notre Dame
revient de promenade. Elle annonce, qu’ayant fait une rencontre,
elle annule sa réservation. Ce qui arrange bien l’hôtelier
qui, entre temps, a eu une demande d’un de ses vieux clients.
L’hôtelier lui rend donc son billet qu’elle brûle
aussitôt.
« Il était faux », dit-elle en
souriant.
Moralité de cette histoire
-
Pourquoi un faux billet a-t-il été capable de catalyser
autant d’échanges?
Parce qu’un billet est de la monnaie
fiduciaire (du latin fiducia: confiance). C’est exclusivement une «
valeur de confiance » entre les membres d’une communauté.
Dans un autre pays il n’aurait pas été accepté.
Un billet faux perd « sa valeur » seulement au moment où
il se révèle faux et n’est plus accepté par
celui qui le reçoit. C’est celui qui le détient en
dernier qui assume la perte. Dans cette histoire il n’y a pas eu de
perte sauf pour la Dame de Condé qui savait de toute façon
qu’il était faux.
- Serait-ce qu’il y a carence de
pouvoir d’achat dans notre société?
En effet la
Dame de Condé, en réservant sa chambre, a accru de 100
euros la masse monétaire du village, ce qui a permis à
six personne d’éteindre réciproquement leur dette
pour un montant total de 600 euros La « qualité »
de la monnaie utilisée, bonne ou mauvaise, est
indifférente
(origine "Aise" - paru dans "Un
regard citoyen sur l'économie", édition Yves
Michel )
2. Le comté de Roseland
Ceci
se passait en des temps fort anciens :
Dans le comté de
Roseland vivait une population industrieuse. La prospérité
et la convivialité régnaient.
Nicolas, le
cinquième fils d’un fermier, venait d’atteindre sa
majorité. Il vint trouver son père et lui dit : «
Père, la ferme n’a pas besoin d’une cinquième paire
de bras pour continuer à prospérer. Or, on entend bien
des habitants du comté regretter l’absence d’habits de
fête. Aussi souhaiterais-je m’établir tisserand. »
«
Bonne idée », répondit son père. «
Je peux te donner la petite grange pour y installer ton échoppe.
Mais tu sais que je n’ai pas trop d’argent et il t’en faudra
pas mal. Va donc voir, de ma part, le Grand Argentier du comté.
»
Ce qui fut dit, fut fait. Nicolas fut tout étonné,
lors de son entrevue, de voir le Grand Argentier si ouvert et les
choses si faciles. « Il te faut 250 écus ? Les voici.
Bon courage, Nicolas !... »
Nicolas se confondit en
remerciements ; mais dans le couloir, il fut pris d’un doute : «
Il ne m’a fixé, ni échéance de remboursement,
ni taux d’intérêt ». Il revint donc frapper à
la porte pour demander les conditions de ce prêt. « Nous
ne te prêtons pas ces écus, nous te les donnons.
L’équilibre de la circulation monétaire est
actuellement atteint dans notre Comté. Il faudra donc un peu
plus de pouvoir d’achat à nos sujets pour acheter tes beaux
habits. L’argent que nous te donnons pour acheter tes laines, tes
teintures, mais aussi pour que tu puisses créer une famille,
va aller dans leurs poches par tes achats. Tu serviras la
collectivité et l’équilibre subsistera. »
Moralité
de cette histoire
1) La masse monétaire doit rester
liée aux évolutions du progrès technique, à
la production, et à celles de la population d’une nation. Si
la population s’accroît ou si les activités
augmentent, la masse monétaire en circulation doit s’accroître
aussi, ce n’est pas de l’inflation.
2) La monnaie est la
propriété de la communauté. Elle est émise
par son représentant mandaté. Elle ne coûte que
le prix du papier et des salaires pour la fabriquer ou pour l'écrire
sur un ordinateur. Mais aujourd’hui l’État ayant abdiqué
son pouvoir régalien de battre la monnaie, l’accroissement
nécessaire de la masse monétaire est financé par
l’emprunt (conséquence de la demande de crédit des
agents économiques publics et privés) et coûte
des intérêts exorbitants. L’argent est créé
sous forme de dettes et il est devenu propriété des
banques et non plus de la communauté. Le peuple a perdu sa
souveraineté.
3) Que se serait-il passé pour
Nicolas, si l’argent, au lieu de lui avoir été
sagement donné, lui avait été prêté,
et de plus avec intérêt ? En dépensant les 250
écus prêtés, il aurait bien accru la masse
monétaire de la communauté. Mais en les remboursant,
c’est-à-dire en s’en privant, il aurait cette fois diminué
la masse monétaire qui serait revenue à son niveau
initial. Finalement sa nouvelle activité, au lieu d’enrichir
la communauté, l’aurait appauvrie.
(origine "Aise"
- paru dans "Un regard citoyen sur l'économie",
édition Yves Michel )
3. Sauvés du naufrage
Une
explosion a détruit leur bateau. Cinq ont fini par se trouver
réunis sur cette épave. Tout à coup, un cri a
retenti: Terre! Terre là-bas, voyez ! Justement dans la
direction où nous poussent les vagues!
Et à
mesure que se dessine, en effet, la ligne d'un rivage, les figures
s'épanouissent.
Ils sont cinq:
- François,
charpentier
- Paul, cultivateur;
- Jacques, spécialisé
dans l'élevage des animaux
- Henri, agronome horticulteur;
- Thomas, le prospecteur minéralogiste,
Une île
providentielle
Remettre les pieds sur une terre ferme,
c'est pour nos hommes un retour à la vie.
Une fois séchés,
réchauffés, leur premier empressement est de faire
connaissance avec cette île où ils sont jetés
loin de la civilisation. Cette île qu'ils baptisent L'Ile des
Naufragés.
Une rapide tournée comble leurs espoirs.
L'île n'est pas un désert aride. Ils sont bien les seuls
hommes à l'habiter actuellement. Mais d'autres ont dû y
vivre avant eux, s'il faut en juger par les restes de troupeaux
demi-sauvages qu'ils ont rencontrés ici et là. Jacques,
l'éleveur, affirme qu'il pourra les améliorer et en
tirer un bon rendement.
Quant au sol de l'île, Paul le
trouve en grande partie fort propice à la culture. Henri y a
découvert des arbres fruitiers, dont il espère pouvoir
tirer grand profit.
François y a remarqué surtout
les belles étendues forestières, riches en bois de
toutes sortes: ce sera un jeu d'abattre des arbres et de construire
des abris pour la petite colonie.
Quant à Thomas, le
prospecteur, il a noté plusieurs signes indiquant un sous-sol
richement minéralisé. Malgré l'absence d'outils
perfectionnés, Thomas se croit assez d'initiative et de
débrouillardise pour transformer le minerai en métaux
utiles.
Chacun va donc pouvoir se livrer à ses occupations
favorites pour le bien de tous.
Les véritables
richesses
Et voilà nos hommes à l'ouvrage.
Les maisons et des meubles sortent du travail du charpentier. Les
premiers temps, on s'est contenté de nourriture primitive.
Mais bientôt les champs produisent et le laboureur a des
récoltes.
A mesure que les saisons succèdent aux
saisons, le patrimoine de l'Ile s'enrichit. I1 s'enrichit, non pas
d'or ou de papier gravé, mais des véritables richesses:
des choses qui nourrissent, qui habillent, qui logent, qui répondent
à des besoins.
La vie n'est pas toujours aussi douce
qu'ils souhaiteraient. Il leur manque bien des choses auxquelles ils
étaient habitués dans la civilisation. Mais leur sort
pourrait être beaucoup plus triste.
D'ailleurs, ils ont déjà
connu des temps de crise. Au moins, dans l'Ile des Naufragés,
personne ne les condamne à voir pourrir sous leurs yeux des
choses dont ils ont besoin. Puis les taxes sont inconnues. Si le
travail est dur parfois, au moins on a le droit de jouir des fruits
du travail.
Somme toute, on exploite l'île, espérant
qu'un jour on pourra retrouver les parents et les amis, avec deux
grands biens conservés: la vie et la santé.
Un
inconvénient majeur
Nos hommes se réunissent
souvent pour causer de leurs affaires.
Dans le système
économique très simplifié qu'ils pratiquent, une
chose les géne de plus en plus: ils n'ont aucune espèce
de monnaie. Le troc, l'échange direct de produits contre
produits, a ses inconvénients. Les produits à échanger
ne sont pas toujours en face l'un de l'autre en même temps.
Ainsi, du bois livré au cultivateur en hiver ne pourra être
remboursé en légumes que dans six mois.
Parfois
aussi, c'est un gros article livré d'un coup par un des
hommes, et il voudrait en retour différentes petites choses
produites par plusieurs des autres hommes, à des époques
différentes.
Tout cela complique les affaires. S'il y
avait de l'argent dans la circulation, chacun vendrait ses produits
aux autres pour de l'argent. Avec l'argent reçu, il achèterait
des autres les choses qu'il veut, quand il les veut et qu'elles sont
là.
Tous s'entendent pour reconnaître la commodité
que serait un système d'argent. Mais aucun d'eux ne sait
comment en établir un. Ils ont appris à produire la
vraie richesse, les choses. Mais ils ne savent pas faire les signes,
l'argent.
Ils ignorent comment l'argent commence, et comment le
faire commencer quand il n'y en a pas et qu'on décide ensemble
d'en avoir... Bien des hommes instruits seraient sans doute aussi
embarrassés; tous nos gouvernements l'ont bien été
pendant la période 1929 - 1939. Seul, l'argent manquait aux
pays, et les gouvernements restaient paralysés devant ce
problème.
Arrivée d'un réfugié
Un
soir que nos hommes, assis sur le rivage, ressassent ce problème
pour la centième fois, ils voient soudain approcher une
chaloupe avironnée par un seul homme.
On s'empresse
d'aider le nouveau naufragé. On lui offre les premiers soins
et on cause..
On apprend qu'il est échappé lui
aussi à un naufrage et seul survivant. Son nom: Martin Golden.
Heureux d'avoir un compagnon de plus, nos cinq hommes l'accueillent
avec chaleur et lui font visiter la colonie.
- Quoique perdus
loin du reste du monde, lui disent-ils, nous ne sommes pas trop à
plaindre. La terre rend bien; la forêt aussi. Une seule chose
nous manque: nous n'avons pas de monnaie pour faciliter les échanges
de nos produits.
- Bénissez le hasard qui m'amène
ici! répond Martin. L'argent n'a pas de mystère pour
moi. Je suis un banquier, et je puis vous installer en peu de temps
un système monétaire qui vous donnera satisfaction.
Un
banquier !... Un banquier !... Un ange venu tout droit du ciel
n'aurait pas inspiré plus de révérence. N'est-on
pas habitué, en pays civilisé, à s'incliner
devant les banquiers, qui contrôlent les pulsations de la
finance ?
Le dieu de la civilisation
- Monsieur
Martin, puisque vous êtes banquier, vous ne travaillerez pas
dans l'île. Vous allez seulement vous occuper de notre argent.
- Je m'en acquitterai avec la satisfaction, comme tout banquier,
de forger la prospérité commune.
- Monsieur Martin,
on vous bâtira une demeure digne de vous. En attendant, peut-on
vous installer dans l'édifice qui sert à nos réunions
publiques ?
- Très bien, mes amis. Mais commençons
par décharger les effets de la chaloupe que j'ai pu sauver
dans le naufrage: une petite presse, du papier et accessoires, et
surtout un petit baril que vous traiterez avec grand soin."
On
décharge le tout. Le petit baril intrigue la curiosité
de nos braves gens.
- Ce baril, déclare Martin, c'est un
trésor sans pareil. Il est plein d'or !"
Plein d'or !
Cinq âmes faillirent s'échapper de cinq corps. Le dieu
de la civilisation entré dans l'Ile des Naufragés. Le
dieu jaune, toujours caché, mais puissant, terrible, dont la
présence, l'absence ou les moindres caprices peuvent décider
de la vie des nations !
- De l'or ! Monsieur Martin, vrai grand
banquier! Recevez nos hommages et nos serments de fidélité.
-
De l'or pour tout un continent, mes amis, répondit Monsieur
Martin. Mais ce n'est pas de l'or qui va circuler. Il faut cacher
l'or: l'or est l'âme de tout argent sain. L'âme doit
rester invisible. Je vous expliquerai tout cela en vous passant de
l'argent.
Un enterrement sans témoin
Avant
de se séparer pour la nuit, Martin leur pose une dernière
question:
- Combien vous faudrait-il d'argent dans l'île
pour commencer, pour que les échanges marchent bien ?"
On se regarde. On consulte humblement Martin lui-même. Avec
les suggestions du bienveillant banquier, on convient que 200 $ pour
chacun paraissent suffisants pour commencer. Rendez-vous fixé
pour le lendemain soir.
Martin, lui, ne perd pas de temps. Il
oublie sa fatigue pour ne penser qu'à son avenir de banquier.
A la faveur du petit jour, il creuse un trou, y roule son baril, le
couvre de terre, le dissimule sous des touffes d'herbe soigneusement
placées, y transplante même un petit arbuste pour cacher
toute trace.
Puis, il met en oeuvre sa petite presse, pour
imprimer mille billets d'un dollar. En voyant les billets sortir,
tout neufs, de sa presse, il songe en lui même: "Comme ils
sont faciles à faire, ces billets ! Ils tirent leur valeur des
produits qu'ils vont servir à acheter. Sans produits, les
billets ne vaudraient rien. Mes cinq naïfs de clients ne pensent
pas à cela. Ils croient que c'est l'or qui garantit les
dollars. Je les tiens par leur ignorance !" Le soir venu, les
cinq arrivent en courant près de Martin.
A qui ira
l'argent fabriqué?
Cinq piles de billets étaient
là, sur la table.
- Avant de vous distribuer cet argent,
dit le banquier, il faut s'entendre. L'argent est basé sur
l'or. L'or, placé dans la voûte de ma banque, est à
moi. Donc, l'argent est à moi... Oh! ne soyez pas tristes. Je
vais vous prêter cet argent, et vous l'emploierez à
votre gré. En attendant, je ne vous charge que l'intérêt.
Vu que l'argent est rare dans l'Ile, puisqu'il n'y en a pas du tout,
je crois être raisonnable en demandant un petit intérêt
de 8 pour cent seulement.
- En effet, monsieur Martin, vous êtes
très généreux.
- Un dernier point, mes amis.
Les affaires sont les affaires, même entre grands amis. Avant
de toucher son argent, chacun de vous va signer ce document: c'est
l'engagement par chacun de rembourser capital et intérêts,
sous peine de confiscation par moi de ses propriétés.
Oh ! une simple garantie. Je ne tiens pas du tout à jamais
avoir vos propriétés, je me contente d'argent. Je suis
sûr que vous garderez vos biens et que vous me rendrez
l'argent.
- C'est plein de bon sens, monsieur Martin. Nous allons
redoubler d'ardeur au travail et tout rembourser.
- C'est cela.
Et revenez me voir chaque fois que vous avez des problèmes. Le
banquier est le meilleur ami de tout le monde... Maintenant, voici à
chacun ses deux cents dollars."
Et nos cinq hommes s'en vont
ravis, les dollars plein les mains et plein la tête.
Un
problème d'arithmétique
L'argent de Martin a
circulé dans l'Ile. Les échanges se sont multipliés
en se simplifiant. Tout le monde se réjouit et salue Martin
avec respect et gratitude.
Cependant, le prospecteur, est
inquiet. Ses produits sont encore sous terre. Il n'a plus que
quelques piastres en poche. Comment rembourser le banquier à
l'échéance qui vient?
Après s'être
longtemps creusé la tête devant son problème
individuel, Thomas se dit:
"Considérant la population
entière de l'île, songe-t-il, sommes-nous capables de
tenir nos engagements? Martin a fait une somme totale de $1000. Il
nous demande au total $1080. Quand même nous prendrions
ensemble tout l'argent de l'île pour le lui porter, cela ferait
1000 pas 1080. Personne n'a fait les $80 de plus. Nous faisons des
choses, pas des dollars. Martin pourra donc saisir toute l'île,
parce que tous ensemble, nous ne pouvons rembourser capital et
intérêts.
Si ceux qui sont capables remboursent pour
eux-mêmes sans se soucier des autres, quelques-uns vont tomber
tout de suite, quelques autres vont survivre. Mais le tour des autres
viendra et le banquier saisira tout. Il vaut mieux s'unir tout de
suite et régler cette affaire collectivement."
Thomas
n'a pas de peine à convaincre les autres que Martin les a
dupés. On s'entend pour un rendez-vous général
chez le banquier.
Bienveillance du banquier
Martin
devine leur état d'âme, mais fait bon visage. L'impulsif
François présente le cas:
- Comment pouvons-nous
vous apporter $1080 quand il n'y a que $1000 dans toute l'ile ?
-
C'est l'intérêt, mes bons amis. Est-ce que votre
production n'a pas augmenté ?
- Oui, mais l'argent, lui,
n'a pas augmenté. Or, c'est justement de l'argent que vous
réclamez, et non pas des produits. Vous seul pouvez faire de
l'argent. Or vous ne faites que $1000 et vous demandez $1080. C'est
impossible!
- Attendez, mes amis. Les banquiers s'adaptent
toujours aux conditions, pour le plus grand bien du public... Je ne
vais vous demander que l'intérêt. Rien que $80. Vous
continuerez de garder le capital.
- Vous nous remettez notre
dette ?
- Non pas. Je le regrette, mais un banquier ne remet
jamais une dette. Vous me devrez encore tout l'argent prêté.
Mais vous ne me remettrez chaque année que l'intérêt,
je ne vous presserai pas pour le remboursement du capital.
Quelques-uns parmi vous peuvent devenir incapables de payer même
leur intérêt, parce que l'argent va de l'un à
l'autre. Mais organisez-vous en nation, et convenez d'un système
d'imposition. Vous taxerez davantage ceux qui auront plus d'argent,
les autres moins. Pourvu que vous m'apportiez collectivement le total
de l'intérêt, je serai satisfait et votre nation se
portera bien.
Nos hommes se retirent, mi calmés,
mi-pensifs.
L'extase de Martin Golden
Martin
est seul. Il se recueille. Il conclut: "Mon affaire est bonne.
Bons travailleurs, ces hommes, mais ignorants. Leur ignorance et leur
crédulité font ma force. Ils voulaient de l'argent, je
leur ai passé des chaînes. Ils m'ont couvert de fleurs
pendant que je les roulais Oh! grand Rothschild, je sens ton génie
de banquier s'emparer de mon être. Tu l'as bien dit, illustre
maître: "Qu'on m'accorde le contrôle de la monnaie
d'une nation et je me fiche de qui fait ses lois". Je suis le
maître de l'Ile des Naufragés, parce que je contrôle
son système d'argent. Je pourrais contrôler un univers.
Ce que je fais ici, je puis le faire dans le monde entier."
Et
toute la structure du système bancaire rothschildien se dresse
dans l'esprit ravi de Martin.
Crise de vie
chère
Cependant, la situation empire dans l'Ile des
Naufragés. La productivité a beau augmenter, les
échanges ralentissent. Martin pompe régulièrement
ses intérêts. Il faut songer à mettre de l'argent
de côté pour lui. L'argent colle, il circule mal.
Ceux
qui paient le plus de taxes crient contre les autres et haussent
leurs prix pour trouver une compensation. Les plus pauvres, qui ne
paient pas de taxes, crient contre la cherté de la vie et
achètent moins.
Le moral baisse, la joie de vivre s'en va.
On n'a plus de coeur à l'ouvrage. A quoi bon? Les produits se
vendent mal; et quand ils se vendent, il faut donner des taxes pour
Martin. On se prive.
C'est la crise. Et chacun accuse son voisin
de manquer de vertu et d'être la cause de la vie chère.
Un jour, Henri, réfléchissant au milieu de ses
vergers, conclut que le "progrès" apporté par
le système monétaire du banquier a tout gâté
dans l'Ile. Assurément, les cinq hommes ont leurs défauts;
mais le système de Martin nourrit tout ce qu'il y a de plus
mauvais dans la nature humaine.
Henri décide de convaincre
et rallier ses compagnons. Ils commence par Jacques. C'est vite fait:
"Eh ! dit Jacques, je ne suis pas savant, moi; mais il y a
longtemps que je le sens: le système de ce banquier-là
est plus pourri que le fumier de mon étable du printemps
dernier !"
Tous sont gagnés l'un après
l'autre, et une nouvelle entrevue avec Martin est décidée.
Chez le forgeur de chaînes
Ce fut une
tempête chez le banquier:
- L'argent est rare dans l'île,
monsieur, parce que vous nous l'ôtez. On vous paie, on vous
paie, et on vous doit encore autant qu'au commencement. On travaille,
on fait de plus belles terres, et nous voilà plus mal pris
qu'avant votre arrivée.!
- Allons, mes amis, raisonnons un
peu. Si vos terres sont plus belles, c'est grâce à moi.
Un bon système bancaire est le plus bel actif d'un pays. Mais
pour en profiter, il faut garder avant tout la confiance dans le
banquier. Venez à moi comme à un père... Vous
voulez d'autre argent ? Très bien. Mon baril d'or vaut bien
des fois mille dollars... Tenez, je vais hypothéquer vos
nouvelles propriétés et vous prêter un autre
mille dollars tout de suite.
- Deux fois plus de dette ? Deux
fois plus d'intérêt à payer tous les ans, sans
jamais finir?
- Oui, mais je vous en prêterai encore, tant
que vous augmenterez votre richesse foncière; et vous ne me
rendrez jamais que l'intérêt. Vous empilerez les
emprunts; vous appellerez cela dette consolidée. Dette qui
pourra grossir d'année en année. Mais votre revenu
aussi. Grâce à mes prêts, vous développerez
votre pays.
- Alors, plus notre travail fera l'île
produire, plus notre dette totale augmentera ?
- Comme dans tous
les pays civilisés. La dette publique est un baromètre
de la prospérité.
Le loup mange les
agneaux
- C'est cela que vous appelez monnaie saine,
monsieur Martin ? Une dette nationale devenue nécessaire et
impayable, ce n'est pas sain, c'est malsain.
- Messieurs, toute
monnaie saine doit être basée sur l'or et sortir de la
banque à l'état de dette. La dette nationale est une
bonne chose: elle place; les gouvernements sous la sagesse incarnée
dans les banquiers. A titre de banquier, je suis un flambeau de
civilisation dans votre île.
- Monsieur Martin, nous ne
sommes que des ignorants, mais nous ne voulons point de cette
civilisation-là ici. Nous n'emprunterons plus un seul sou de
vous. Monnaie saine ou pas saine, nous ne voulons plus faire affaire
avec vous.
- Je regrette cette décision maladroite,
messieurs. Mais si vous rompez avec moi, j'ai vos signatures.
Remboursez-moi immédiatement tout, capital et intérêts.
- Mais c'est impossible, monsieur. Quand même on vous
donnerait tout l'argent de l'île, on ne serait pas quitte.
-
Je n'y puis rien. Avez-vous signé, oui ou non? Oui? Eh bien,
en vertu de la sainteté des contrats, je saisis toutes vos
propriétés gagées, tel que convenu entre nous,
au temps où vous étiez si contents de m'avoir. Vous ne
voulez pas servir de bon gré la puissance suprême de
l'argent, vous la servirez de force. Vous continuerez à
exploiter l'Ile, mais pour moi et à mes conditions. Allez. Je
vous passerai mes ordres demain.
Le contrôle des
journaux
Comme Rothschild, Martin sait que celui qui
contrôle le système d'argent d'une nation contrôle
cette nation. Mais il sait aussi que, pour maintenir ce contrôle,
il faut entretenir le peuple dans l'ignorance et l'amuser avec autre
chose.
Martin a remarqué que, sur les cinq insulaires,
deux sont conservateurs et trois sont libéraux. Cela paraît
dans les conversations des cinq, le soir, surtout depuis qu'ils sont
devenus ses esclaves. On se chicane entre bleus et rouges.
De
temps en temps, Henri, moins partisan, suggère une force dans
le peuple pour faire pression sur les gouvernants... Force dangereuse
pour toute dictature.
Martin va donc s'appliquer à
envenimer leurs discordes politiques le plus possible.
Il se sert
de sa petite presse et fait paraître deux feuilles
hebdomadaires: "Le Soleil", pour les rouges; "L'Étoile",
pour les bleus. "Le Soleil" dit en substance: Si vous
n'êtes plus les maîtres chez vous, c'est à cause
de ces arriérés de bleus, toujours collés aux
gros intérêts.
"L'Étoile" dit en
substance: Votre dette nationale est l'oeuvre des maudits rouges,
toujours prêts aux aventures politiques.
Et nos deux
groupements politiques se chamaillent de plus belle, oubliant le
véritable forgeur de chaînes, le contrôleur de
l'argent, Martin.
Une épave précieuse
Un
jour, Thomas, le prospecteur, découvre, échouée
au fond d'une anse, au bout de l'ile et voilée par de hautes
herbes, une chaloupe de sauvetage, sans rame, qui ne contient qu'une
caisse assez bien conservée.
Il ouvre la caisse: outre du
linge et quelques menus effets, son attention s'arrête sur un
livre-album en assez bon état, intitulé: Première
année de Vers Demain
Curieux, notre homme s'assied et
ouvre ce volume. Il lit. Il dévore. Il s'illumine:
"Mais,
s'écrie-t-il, voilà ce qu'on aurait dû savoir
depuis longtemps: L'argent ne tire nullement sa valeur de l'or, mais
des produits que l'argent achète. L'argent peut être une
simple comptabilité, les crédits passant d'un compte à
l'autre selon les achats et les ventes. Le total de l'argent doit
être en rapport avec le total de la production. A toute
augmentation de production, doit correspondre une augmentation
équivalente d'argent... Jamais d'intérêt à
payer sur l'argent naissant... Le progrès représenté,
non pas par une dette publique, mais par un dividende égal à
chacun... Les prix, ajustés au pouvoir d'achat par un
coefficient des prix... Le Crédit Social..."
Thomas
n'y tient plus. Il se lève et court, avec son livre, faire
part de sa splendide découverte à ses quatre
compagnons.
L'argent, simple comptabilité
Et
Thomas s'installe professeur:
- Voici, dit-il, ce qu'on aurait pu
faire, sans le banquier, sans or, sans signer aucune dette. J'ouvre
un compte au nom de chacun de vous. A droite, les crédits, ce
qui ajoute au compte; à gauche, les débits, ce qui le
diminue.
On voulait chacun $200 pour commencer. D'un commun
accord, décidons d'écrire $200 au crédit de
chacun. Chacun a tout de suite $200. François achète
des produits de Paul, pour $10. Je retranche 10 à François,
il lui reste 190. J'ajoute 10 à Paul, il a maintenant 210.
Jacques achète de Paul pour $8. Je retranche 8 à
Jacques, il garde 192. Paul, lui, monte à 218. Paul achète
du bois de François, pour $15. Je retranche 15 à Paul,
il garde 203; j'ajoute 15 à François, il remonte à
205.
Et ainsi de suite; d'un compte à l'autre, tout comme
des billets en papier vont d'une poche à l'autre.
Si l'un
de nous a besoin d'argent pour augmenter sa production, on lui ouvre
le crédit nécessaire, sans intérêt. Il
rembourse le crédit une fois la production vendue. Même
chose pour les travaux publics.
On augmente aussi,
périodiquement, les comptes de chacun d'une somme
additionnelle, sans rien ôter à personne, en
correspondance de la création globale de biens et services.
C'est le dividende national: l'argent est ainsi un instrument de
service.
Désespoir du banquier
Tous ont
compris. La petite nation est devenue créditiste. Le
lendemain, le banquier Martin reçoit une lettre signée
des cinq:
"Monsieur, vous nous avez endettés et
exploités sans aucune nécessité. Nous n'avons
plus besoin de vous pour régir notre système d'argent.
Nous aurons désormais tout l'argent qu'il nous faut, sans or,
sans dette, sans voleur. Nous établissons immédiatement
dans l'Ile des Naufragés le système du Crédit
Social. Le dividende national remplacera la dette nationale. Si vous
tenez à votre remboursement, nous pouvons vous remettre tout
l'argent que vous avez fait pour nous, pas plus. Vous ne pouvez
réclamer ce que vous n'avez pas fait."
Martin est
au désespoir. C'est son empire qui s'écroule. Les cinq
devenus créditistes, plus de mystère d'argent ou de
crédit pour eux. "Que faire? Leur demander pardon,
devenir comme l'un d'eux ? Moi, banquier, faire cela ?... Non. Je
vais plutôt essayer de me passer d'eux et de vivre à
l'écart.
Supercherie mise à jour
Pour
se protéger contre toute réclamation future possible,
nos hommes ont décidé de faire signer au banquier un
document attestant qu'il possède encore tout ce qu'il avait en
venant dans l'île. D'où l'inventaire général:
la chaloupe, la petite presse et... le fameux baril d'or.
Il a
fallu que Martin indique l'endroit, et l'on déterre le baril.
Nos hommes le sortent du trou avec beaucoup moins de respect cette
fois. Le Crédit Social leur a appris à mépriser
le fétiche or.
Le prospecteur, en soulevant le baril,
trouve que pour de l'or, il ne pèse pas beaucoup: "Je
doute fort que ce baril soit plein d'or", dit-il.
Un coup de
hache et le baril étale son contenu: d'or, pas une once ! Des
roches - rien que de vulgaires roches sans valeur !...
Nos hommes
n'en reviennent pas:
- Dire qu'il nous a mystifiés à
ce point-là, le misérable ! A-t-il fallu être
gogos, aussi, pour tomber en extase devant le seul mot OR !
-
Dire que nous lui avons gagé toutes nos propriétés
pour des bouts de papier basés sur quatre pelletées de
roches ! Voleur doublé de menteur !
- Dire que nous nous
sommes boudés et haïs les uns les autres pendant des mois
et des mois pour une supercherie pareille ! Le démon !"
A peine François avait-il levé sa hache que le
banquier partait à toutes jambes vers la forêt.
Bonjour fidèles lectrices et
lecteurs
Les
trois apologues précédents ( "La Dame de Condé"
, "Le conte de Roseland" et "L'île des
naufragés") qu'il vaut mieux avoir lu dans l'ordre car
j'essaye de permettre une approche logique du fait économique,
et c'est la raison pour laquelle je vais à partir de
maintenant numéroter les posts - vont quand même me
faciliter la tâche, car, s'ils ne vous ont pas permis de
répondre à toutes les questions que vous vous posez (si
c'était le cas, à quoi ça servirait que Ducros y
se décarcasse ? )
, ils ont sans doute commencé à vous "ouvrir les
yeux" et vous commencez déjà à avoir "un
autre regard" (enfin, j'espère ).
Si
je me suis engagé envers vous et les gestionnaires de
"onnouscachetout" et que j'ai donc des comptes à
vous rendre, je n'ai malheureusement pas de conte en support de
l'explication que je vais essayer de vous donner à cette
question fondamentale pour comprendre le "système",
question récurrente qui est 4. " Mais comment pousse
la monnaie?" (cette foutue monnaie qui nous pourrie la
vie)
La première chose, c'est que je voudrais que vous
rejetiez complètement une idée sans doute enfouie au
fond de votre esprit lorsque vous allez voir un banquier en disant
"j'ai besoin d'un prêt", ou "j'ai besoin d'un
découvert" . Cette idée , c'est celle de penser
que pour qu'un banquier puisse vous proposer un crédit, il
FAUT qu'un épargnant soit passé avant vous à la
banque pour y déposer des économies correspondantes au
prêt que vous allez demander, et que, quasiment, c'est
l'épargne d'un autre que le banquier va vous prêter, en
prenant sa commission au passage (l'intérêt).... c'est
FAUX, ce n'est pas ainsi que ça se passe.
Ce n'est pas de
la monnaie épargnée ou déposée que vous
prête un banquier... d'ailleurs, si vous avez la chance d'être
plutôt en positif sur votre compte, vous pouvez vous apercevoir
que jamais votre banque vous a dit " On a utilisé
l'argent que vous aviez en dépot chez nous pour le préter
à Monsieur Untel ... désolé, votre compte est
maintenant à zéro, jusqu'à ce que Monsieur Untel
rembourse..."
Il y a une phrase que connaissent bien les
économistes (pas tous , hélas) , mais qu'oublient très
souvent les banquiers (le feraient-ils exprès ?), et qui est "
Ce ne sont pas les dépôts qui permettent les crédits,
mais ce sont les crédits qui permettent les dépôts"
Du
chinois ? ....
Allez,
on s'explique!
D'abord, il faut que vous sachiez qu'il n'y a
pas de "banque nationale" (la BNP par exemple, bien que se
nommant "Banque Nationale de Paris", est une société
privée), et la Banque Centrale Européenne - qui est
"garante" des bons fonctionnements des banques privées
- est une émanation des Banques Centrales des états
membres , ces Banques Centrales étant elles mêmes des
"réunions" des banques privées)
Ensuite
il faut que vous sachiez aussi que l'article 104 du traité de
Maastrisch a INTERDIT aux Etats et aux Collectivités de créer
de la monnaie .. c'est réservé au système
bancaire sous surveillance de la BCE dont le seul mandat des Etats
est de "limiter l'inflation" (on en reparlera, ainsi que
des conséquences de cet article 104 aussi bien sur la
pauvreté, le chômage et les déficits). ..
Voyons donc comment le système bancaire crée la
monnaie ...
Nous sommes par exemple dans un système de
4 banques privées (B1, B2, B3, B4, .. mais vous pouvez
remplacer ces sigles par BNP, SG, CL, CA, par exemple ..)
Prenons
un exemple dans lequel les "régles prudencielles" en
vigueur en ce moment permettent aux banques d'offrir des crédits
jusqu'à un montant de 90% des dépots (c'est très
variable puisque c'est un des moyens de régulation des crédits
et donc de la monnaie comme vous le comprendrez à la fin de ce
mail) .
La banque B1 recoit en dépot 1000 euros (c'est
Monsieur A qui dépose cet argent sur son compte courant).
C'est évidemment une dette que la banque B1 a envers Monsieur
A ... car la banque s'est bien engagée à rendre cet
argent à Monsieur A à sa première
demande.
Monsieur B demande et obtient un crédit à
la Banque B1 qui donc, en fonction de ces régles
prudencielles, lui propose 900 euros ( 1000 x 90%) avec 10% d'intéret
sur un an... Monsieur B devra donc rembourser 990 euros ...
Vous
pouvez évidemment remarquer que le compte de Monsieur A n'a
pas bougé ( il est toujours de 1000 euros) comme d'ailleurs ne
bougeront pas les comptes des déposants dans les explications
qui suivent.
Avec ce crédit de 900 euros, Monsieur B
paye un de ses fournisseurs, Monsieur C, qui va déposer son
chèque dans la Banque B2 . Grâce à ce dépot,
Monsieur D peut obtenir de la banque B2 un crédit de 810 euros
(900 x 90%) qu'il devra rembourser 891 euros ( 810 +10%).
Monsieur
D paye à son tour un de ses fournisseurs, Monsieur E, avec ses
810 euros , lequel Monsieur E le dépose à sa Banque B3.
Grace à ce dépot, Monsieur F peut obtenir de la banque
B3 un crédit de 729 euros (810 x 90%) qu'il devra rembourser
802 euros ( 729 +10%).
Allez, encore une fois...
Avec
ce crédit de 729 euros, Monsieur F paye un de ses
fournisseurs, Monsieur G, qui va déposer son chèque
dans la Banque B4 . Grace à ce dépot, Monsieur H peut
obtenir de la banque B4 un crédit de 656 euros (729 x 90%)
qu'il devra rembourser 721 euros ( 656 +10%).
Monsieur H paye
à son tour un de ses fournisseurs, Monsieur A, avec ses 656
euros , lequel Monsieur A le dépose à sa Banque B1.
Grace à ce dépot, Monsieur X peut obtenir de la
banque....
Avec ce système de 4 banques et de 4
emprunteurs, voyons le "bilan"
- D'un dépot
initial de 1000 euros, c'est 900+810+729+656 = 3095 euros en
circulation qui ont été créés "en
plus"
- Sur un an, les emprunteurs (Messieurs B, D, F, H)
devront rembourser: 990+891+802+721 = 3404 ... le système
bancaire a donc gagné 3404 - 3095 = 309 euros
- Vous
avez vu la petite astuce de mon exemple... Monsieur H paye avec son
crédit une dette qu'il a envers Monsieur A: donc 66% du dépot
initial dans la banque B1 (par Monsieur A) proviennent des crédits
que son propre dépot permet... (je sais, c'est pas facile à
piger... surtout si vous faites intervenir l'ordre chronologique ci
dessus, dans ce qui n'est qu'un exemple)
D'une manière
plus générale...
- Bien évidemment, c'est
un cycle permanent.. des crédits sont remboursés et
d'autres les remplacent... mais il faut toujours de plus en plus de
crédits pour pouvoir créer la monnaie qui sert à
payer les intérets. Je dirais que les banquiers se fichent pas
mal du capital (qui n'est qu'une simple ligne d'écriture),
alors que les intérêts (qui vont dans leur poche), ça,
oui, ils aiment!
- Vous comprenez donc maintenant pourquoi au
lendemain (ou surlendemain ?) du 11 septembre l'un des premiers
discours de Bush a été "il faut soutenir la
consommation ... ayez confiance" car si la confiance disparait,
il n'y a plus de crédit pour remplacer ceux arrivés à
expiration, et c'est donc tout le système bancaire et
économique qui s'écroule puisque les intérêts
ne pourront plus être payés... il a aussi fait diminuer
immédiatement les taux d'intérêts pour "pousser
à la consommation"...
- Accessoirement, l'intérêt
c'est la cause principale de l'inflation (on en reparlera) ... ici,
j'ai été gentil, parce qu'avec un crédit à
9% par an , par le jeu des intérêts composés,
c'est le double de la somme empruntée qui doit être
remboursée sur 10 ans...
- Ceci explique que ce que
l'on appelle le "coefficient multiplicateur" s'établit
(dans la réalité) à 6,5 (pour 1000 euros, c'est
6500 qui sont créés)... c'est à dire qu'il y a
6,5 fois plus de crédits "en circulation" que de
dépots qui ont permis ces crédits... et, en remontant
"à l'origine", il n'y a que #15% (100/6,5) de ce que
les économistes appellent parfois "monnaie permanente"
(billets et pièces), pour la différencier de la
"monnaie temporaire" (monnaie de crédit , qui
"s'efface" quand le crédit est rembousé). Ce
qui a aussi pour conséquence que dans les banques il n'y a que
15% de monnaie sous forme de billets ou pièces: une panique et
les portes seront vites fermées, vous ne pourrez partir avec
votre argent.
- Vous voyez aussi qu'on a pas parlé
"d'adossement sur l'or" ... oubliez cela, c'est fini depuis
longtemps! L'or n'est plus qu'une matière première et
la monnaie n'est plus gagée sur l'or.
- Enfin vous
remarquerez que comme l'écrit le seul prix Nobel d'économie
français que nous ayons jamais eu (Maurice Allais, en 1988): "
Dans son essence la création de monnaie actuelle ex-nihilo par
le système bancaire est identique à la création
de monnaie par les faux monnayeurs. Concrètement elle aboutit
aux mêmes résultats. La seule différence est que
ceux qui en profitent sont différents"
- Je
rajoute que le système bancaire jouis du privilège
insensé de pouvoir créer de la monnaie sur ses propres
dettes (ses dettes à ses déposants).
Dernier
point: si vous discutez avec votre banquier ne lui dites pas "
votre banque peut créer de la monnaie" .. ce serait faux,
elle ne peut que créer du crédit.
Par contre, si
vous lui dites " le système bancaire pris dans son
ensemble, système dont fait partie votre banque , crée
de la monnaie payante ex nihilo" ce sera vrai et il sera un peu
géné... accessoirement donc, la connaissance du système
vous permettra de pouvoir discuter d'égal à égal
avec lui et qui sait, d'obtenir de meilleures conditions si vous avez
besoin d'un crédit ...
Allez, à bientôt
pour une autre séance d'anti-auto-conditionnement à la
"pensée unique" ...
Cordialement
AJH
Bonjour
Séance N°5
contre la "pensée unique"
Vous
avez donc compris "comment pousse la monnaie".. et j'ai
écrit qu'on reparlerait des conséquences de l'article
104 du traité de Maastrich sur la pauvreté, le chômage
et les déficits. En fait, je vais le faire maintenant et dans
le thread suivant, en analysant les conséquences de l'intérêt,
puisque, que ce soit les particuliers ou les Etats, il faut passer
par ces fourches caudines pour se procurer la monnaie nécessaire
à une politique de consommation et d'investissement
volontariste ( "consommation et investissements volontariste"
peuvent tout à fait être dans un sens écologique
.. pensez aux énergies alternatives. Ne "rejetez"donc
pas les deux par principe)
Voici un extrait de mon livre (la
monnaie, chapitre 3, p.88)
5. L’intérêt de
l’argent : « L’effet papillon » du monde
économique
L’intérêt procuré
par l’argent est probablement le concept économique le plus
pernicieux car étant apparemment de petite valeur, quelques
pour-cents, il a tendance à être négligé,
sous-estimé, accepté comme une chose naturelle. Il
avance masqué, et comme il est l’ami de tous, ses méfaits
ne lui sont jamais attribués et son existence n’est ainsi
jamais remise en cause. Pourtant, l’effet papillon que la science
nous a révélé, montre que des petites causes
peuvent engendrer de grands effets. Il en est de même avec
l’intérêt. Nous allons en examiner quelques
aspects.
• Il a le pouvoir de transférer l’argent
de ceux qui en manquent à ceux qui en ont le plus.
Il
masque bien sa capacité fondamentale à transférer
l’argent des mains de ceux qui n’en ont pas, à ceux qui en
ont le plus. En effet, les premiers sont obligés d’emprunter
de l’argent car ils en ont besoin pour vivre et les seconds leur
prêtent puisqu’ils en disposent, n’en ayant pas besoin.
Ainsi, par exemple, pour 100 euros prêtés, il faut en
rembourser 110 . Les 10 euros d’intérêts sont donc
pris à ceux qui ont besoin d’argent, pour être donnés
à ceux qui en ont déjà. L’intérêt
est donc bien le facteur prépondérant de l’accumulation
de richesse.
Un exemple, plus quantitatif, est tiré d’une
étude qui a été faite en Allemagne par Margrit
KENNEDY pour montrer le fonctionnement insidieux de notre système
monétaire.
Il n’y a pas que ceux qui empruntent de
l’argent qui payent des intérêts, car, contrairement à
ce que l’on pourrait croire, nous en payons tous, sans même
nous en rendre compte.
En effet, dès que nous achetons un
bien ou un service, nous payons toujours une part d’intérêts
incluse dans le prix et cette part est fonction des investissements
qui ont été nécessaires pour la production
considérée. Pour des services de main-d’œuvre, cette
part est voisine de 10 %, mais elle peut atteindre 80 % si la
production nécessite beaucoup de capital et peu de
main-d’œuvre. En moyenne, la moitié de nos prix hors taxes
représente le coût du capital.
L’étude a
porté sur 25 millions de foyers allemands, répartis en
10 classes (de 1 à 10) selon leurs revenus.
Pour chacune de
ces classes, il a été pris en compte les intérêts
payés, inclus dans les achats de biens de consommation, et
ceux perçus par les placements de l’épargne.
Les
résultats figurent sur une courbe qui ne figure pas ici. Cette
courbe met en lumière que l’intérêt ne profite
qu’à la tranche supérieure, c’est-à-dire à
10 % de la population la plus aisée, qu’il est neutre pour
les 10 % de la classe 9 et qu’il est prélevé sur les
8 premières tranches soit 80 % de la population. Cette courbe
justifie aussi l’appauvrissement des classes moyennes.
Le
problème est qu’on a fait de l’argent une denrée
rare et chère, une « marchandise », et que
l’argent « créé » est réservé
aux riches qui en ont déjà... alors que ça
devrait être l’inverse.
• La croissance
exponentielle ne se trouve pas dans la nature.
Pour justifier
cela, il est intéressant de rappeler l’histoire de la
découverte du jeu d’échecs par un sujet d’un
empereur perse. Celui-ci, par enthousiasme, voulut récompenser
l’inventeur de ce jeu en lui offrant ce qu’il désirait. La
demande du rusé inventeur parut bien modeste et fut donc
acceptée. Il s’agissait de placer un grain de blé sur
la première case de l’échiquier, deux grains sur la
seconde, quatre sur la troisième puis de continuer ainsi à
doubler sur chacune des autres cases. Notre malheureux Empereur, peu
mathématicien, a été victime, sans pouvoir
l’anticiper, d’une croissance exponentielle car la quantité
de blé nécessaire à la dernière case
représentait des centaines de fois la production de toute la
planète.
Une seconde anecdote rappelle que le placement de
quelques sous à l’époque du Christ, à 4 %
d’intérêt, correspondrait aujourd’hui à
plusieurs fois le poids en or de la planète.
Enfin
l'histoire vraie actuelle montre que les déficits budgétaires
successifs de la France ont conduit à une dette publique qui
aujourd’hui (chiffres de 1999, mais ça ne s'est pas
amélioré, désolé d'être resté
en francs, je trouve que c'est plus "parlant", sans doute
encore pour quelques années) dépasse les 4000 milliards
de francs, ce qui coûte 236 milliards de francs environ
d’intérêts par an, soit plus de 646 millions par jour,
ou 27 millions à l’heure ou enfin 450.000 F à la
minute.
=>Par l’intermédiaire de l’intérêt,
une somme colossale est transférée du monde économique
au monde financier, et contribue à l’asphyxie du premier et
à la congestion du second.
• Les banques créent
bien l’argent des prêts, mais elles ne créent pas
simultanément l’argent des intérêts.
Quand
on emprunte de l’argent à une banque, par un simple jeu
d’écriture dans ses comptes (comme nous l'avons vu dans le
sujet "4
- mais comment pousse la monnaie? " ) , elle crée
cet argent ex nihilo et la masse monétaire s’accroît
d’autant. C’est l’inverse quand cet argent est remboursé,
la banque le fait alors disparaître de ses comptes et la masse
monétaire diminue.
Mais à cause de l’intérêt,
le mécanisme est plus subtil. En effet, si l’on emprunte à
la banque 10.000 E à 10 % l’an, on lui remboursera 11.000 E
l’année suivante. Mais la banque n’ayant créé
à l’origine que 10.000 E, comment pourra-t-on en rembourser
11.000 ? D’où proviendront les 1000 E de plus qui n’auront
pas été créés par ceux capables de le
faire ?
Eh bien ils proviendront de deux sources possibles :
1-
L’une est celle des faillites, personnelles ou d’entreprises, car
dans ce cas on perd bien un patrimoine qui avait une valeur, au
profit d’une tierce personne.
2 - L’autre est celle qui oblige
à réemprunter pour rembourser les intérêts
du premier prêt, ce qui fait partir dans la spirale sans fin du
surendettement. C'est évidemment la source la plus habituelle
et la plus pernicieuse.
• Comment l’argent qui est passif,
peut-il « produire » de l’argent, c’est-à-dire
s’autogénérer ?
C’est bien sûr une
impossibilité physique qui met bien en lumière la
perversité du mécanisme. Un billet de 100 E ne va pas
générer une pièce de 10 E et la masse monétaire
qui tourne pour dynamiser l’économie ne produit pas des
billets pour payer des intérêts. Ce n’est que le
travail qui crée des richesses et si l’on prête de
l’argent à un ami qui veut réaliser un projet, il est
bien normal que ce dernier partage ensuite les fruits qu’il en aura
obtenus. Il pourra alors rembourser celui qui lui a fait confiance et
ajouter des "intérêts" (que je préfère
appeler "dividendes"), c’est-à-dire une partie de
ses gains.
=> Mais au niveau d’un pays ou de toute communauté
autonome, l’intérêt n’a aucun sens puisqu’une
collectivité doit émettre la monnaie nécessaire
à ses échanges.
• Pourquoi la monnaie
est-elle sous-estimée en économie ?
Parce que la
pensée économique libérale historique veut
qu’une monnaie soit « neutre » et ne soit qu’un «
voile » ne modifiant en rien les échanges de biens et de
services.
Cela est vrai, mais il y a un présupposé
qu’il n’était pas nécessaire de relever à
l’époque.
=> La monnaie est bien neutre, mais à
une seule condition, c’est qu’elle existe en quantité
suffisante pour permettre de réaliser les échanges.
Or
aujourd’hui ce n’est plus le cas, il y a bien anémie
monétaire du circuit économique et elle est la cause du
chômage puis de l’exclusion.
Il en est de même pour
le corps humain. Quand il est en parfaite santé, le sang est «
neutre », on ne s’en soucie pas, il alimente harmonieusement
tous les organes. Mais si les globules rouges viennent à
manquer, l’anémie s’installe, le corps entier devient
malade et le sang ne peut plus être « neutre ». Eh
bien, il en est de même pour la monnaie !
A bientôt
pour la suite
Cordialement
AJH
Bonjour
Pour se détendre
un peu, je commence par un petit conte.
6. Comment le
sultan IFO s’aperçut qu’il pouvait faire beaucoup sans
dépenser...
Il y eut une fois, il y a fort
longtemps, dans un pays qui s’appelait La Francassie, une terrible
tempête océane.
Des forêts entières
furent abattues, mais surtout, le peuple de l’Ouest vécut de
très longues journées sans électricité,
les pylônes et les lignes ayant été abattus.
Le
sultan IFO manda son Grand Argentier et lui tint à peu près
ce langage :
— Monsieur le Grand Argentier, je désire que
l’ensemble des câbles électriques de la Francassie
soit enterré, afin que si survient de nouveau un jour une si
terrible tempête, le bon peuple n’en souffre plus et que les
techniciens de l’électricité puissent passer les
fêtes de fin d’année tranquillement au coin du feu,
avec leur famille, au lieu de grimper sur des pylônes dans le
froid et la pluie. Ceci également rendra plus accueillants les
paysages de notre merveilleux pays pour les millions d’étrangers
qui le visitent chaque année au grand bénéfice
de notre balance des paiements.
Le Grand Argentier obtempéra,
appela le directeur général de la Distribution
d’Électricité en Francassie (D.E.F.) et lui transmit
les souhaits du Sultan.
— Impossible, lui répondit
celui-ci, cela coûterait 100 Milliards de francass TTC (soit 83
M de francass HT), nous n’en avons pas les moyens.
Le grand
Argentier rapporta cette conversation au sultan IFO qui réfléchit
quelques jours et ordonna que :
• La D.E.F. soit maître
d’œuvre de l’enfouissement des lignes électriques en
Francassie.
• Qu’elle prendrait les sous-traitants qu’elle
souhaitait
• Que les travaux seraient payés au fur et à
mesure des avancements par l’État qui les financerait, ainsi
elle n’aurait nul besoin de crédit bancaire, mais aux
conditions suivantes :
- Qu’il n’y ait aucune importation, de
matières ou de produits finis. Tout devait être extrait
et transformé en Francassie.
- Que les entreprises
sous-traitantes ne fassent, sur ce chantier, aucun bénéfice.
C’est-à-dire que le flux d’argent entrant devait être
intégralement distribué, soit en salaires, soit en
paiement de fournisseurs amont, soit en Taxe Vraiment Admirable (1)
qui était un impôt sur l’ajout de la valeur que
réalisait chaque créateur de biens ou de service, soit
en charges en retour à l’État. Il n’y aurait donc
aucun impôt sur ces sociétés puisqu’elles ne
faisaient pas de bénéfices.
- Que seuls des
salaires seraient payés, du balayeur au directeur, de telle
manière que chacun ait la juste rémunération de
son labeur et que chacun s’engage à dépenser ces
salaires dans le commerce, au fur et à mesure, et à ne
pas les immobiliser dans d’éventuels placements financiers
que proposaient encore les banques de l’époque. Les
actionnaires, n’ayant aucun labeur réel dans cette opération
(ils se contentaient de toucher des jetons de présence aux
Assemblées générales), n’auraient aucun
dividende.
- Les amortissements seraient intégrés
dans les coûts, à charge pour les entreprises
d’effectuer les investissements de remplacement dans le cadre
défini ci-dessus.
La D.E.F. chercha quelque temps les
entreprises qui acceptaient ces conditions, et finalement en trouva
deux, en décidant de se charger elle-même de faire les
nœuds aux extrémités des câbles, travail
difficile et dangereux s’il en était.
- La société
DUFIL qui fabriquait les câbles,
- La Société
LETROU qui se chargeait de réaliser les tranchées et de
poser les câbles au fond de ses trous.
Et l’on se mit
au travail.
Je vous passe les difficultés que rencontrèrent
les entreprises pour éviter toute fuite de francass à
l’exportation, par exemple lorsqu’elles avaient besoin d’acheter
une pelleteuse mécanique, du ciment, ou des ordinateurs, avec
la certitude que tous les composants étaient fabriqués
en Francassie et que les matières premières qui
servaient à les fabriquer ou à les faire fonctionner
venaient également de Francassie. Mais il est inutile de
rentrer dans ce genre de détail.
Au bout du compte,
tous les câbles furent enterrés en une année et
la Francassie retrouva ses paysages naturels.
Le grand
Argentier mit plusieurs mois à comprendre comment
l’enfouissement des câbles n’avait rien coûté
à l’État francassien et avait permis une augmentation
substantielle de l’activité et par conséquence une
diminution importante du chômage qui, à l’époque,
frappait durement la Francassie.
Il est vrai que, depuis sa sortie
de l’ENA (2), il avait toujours été ministre du
Sultan, et chacun sait bien que les ministres sont très peu au
courant des véritables réalités économiques...
Mais il y avait, fort heureusement, quelques conseillers qui eux
ne venaient pas de l’ENA, dans son ministère. Ils lui
donnèrent quelques cours du soir et lui expliquèrent,
pas à pas, ce qui s’était passé.
Le
Grand Argentier finit par comprendre que toute production de biens
réels ne coûte que du travail et des marges imbriqués,
les matières premières étant fournies
gratuitement par la nature (celle-ci n’ayant pas de compte en
banque) et donc que seul coûte, en salaires, le travail pour
les extraire ou les transformer.
Que l’argent ne se consomme pas
et qu’il circule de mains en mains ! Que les chaînes en
cascade représentent des cycles !
Que tant que de la
capacité de travail est disponible, l’injection de francass
dans l’économie ne coûtait rien à l’État,
sous réserve bien sûr qu’il ne doive pas payer de
quelconques intérêts sur cette monnaie, fiduciaire ou
scripturale, car, en définitive, tout argent donné par
l’État revient à l’État.
Les agents de la
D.E.F. passèrent, jusqu’à leur dernier jour, les
fêtes de fin d’année avec leurs familles, malgré
les autres tempêtes océanes dues au dérèglement
général du climat sur la Planète, jusqu’à
ce que celle-ci reprenne son équilibre au fur et à
mesure de la diminution de la pollution et de l’excès
d’activité des hommes.
Mais ceci est une autre histoire.
============
1) TVA: Taxe Vraiment Admirable dans la
mesure ou elle a réussi à faire que ce soit les
entreprises qui soient devenues percepteurs de l'Etat .. mais ceci
est un autre débat..
2) ENA: Ecole Nullement Adaptée
... est ce vraiment nécessaire de s'apesantir ?
===========
Une
démontration "mathématique" simplifiée
de ce conte, dans lequel j'ai pris l'exemple d'une réalisation
d'un ouvrage collectif écologiquement nécessaire ( le
ferroutage nord/sud dont le coût estimé était
justement, il y a quelques années, de 100 Milliards de francs
: désolé, je suis encore en francs ),
peut être téléchargée sur:
http://www.local.attac.org/13/documents/doc20.pdf
(ca fait # 80 Ko). Il s'agit d'un document en support d'une
petite intervention locale lors d'un "Café Attac
Citoyen(CAC)"
La démonstration complète se
trouve pages 117 à 125 sous le titre: " Comment toute
création de biens et services commandés par l'Etat ...
ne coûte rien à la collectivité si ce n'est du
travail, ne nécessite pas d'impôts supplémentaires,
induit une activité multiplicatrice et crée des
emplois."
Il y est également démontré
que sous certaines conditions:
- toute injection par l'Etat, à
utilité de travaux collectifs qu'il commande aux entreprises
privées, revient intégralement à l'Etat au terme
d'un certain nombre de cycles (de l'ordre de 4 à 5 ans)
-
que pour une injection de 100 MdF l'activité totale générée
s'établit à 420 MdF car les activités
secondaires générées ont un effet
multiplicateur
- que, toujours pour une injection de 100 MdF, les
salaires bruts distribués le sont pour un total de 246 MdF, et
donc que le coefficient multiplicateur des salaires est de 2,46.
-
Que 246 MdF , pour une moyenne de salaire brut de 150.000 F annuel,
représentent ceux de 1.640.000 emplois, qui deviennent
pérennes s’il y a injection de 100 MdF de commandes
publiques annuelles. Ces emplois supplémentaires permettent
soit de diminuer les prestations d’Assedic (donc les charges
salariales et patronales), soit d’augmenter les prestations
compensatoires envers les laissés-pour-compte de la société.
-
Que les charges sociales redistribuables représentent 157
MdF.
Ce que l’on peut y voir aussi, compte tenu de la vitesse
annuelle de rotation de la monnaie (actuellement entre 4 et 5) c’est
qu’au terme d’une rotation, c’est-à-dire une année,
L’État a déjà récupéré 75
% et le total des charges redistribuées a atteint 116
MdF.
Ces démonstrations restent valables quel que soit
le bien ou service d’intérêt général,
même s’il s’agit d’une bibliothèque municipale,
sous réserve que ce soit l’État qui finance (ou
rembourse la commune de son « avance de trésorerie »,
ce qui revient au même).
Conclusions
Les grands et
petits travaux, biens collectifs d’utilité publique,
présentent des avantages certains :
- Ils procurent les
biens d’équipement collectifs, vitaux pour le pays.
- Ils
procurent du travail à ceux qui n’en ont pas.
- Ils
permettent la création d’activités individuelles
secondaires.
- Ils permettraient, en injectant moins de 200 MF, de
résorber totalement le chômage et l’exclusion, sous
réserve que la main-d’œuvre qualifiée soit
disponible.
Cette étude invite aussi à se poser
quelques questions fondamentales:
- Pourquoi l’État a
t-il abandonné son droit de créer l’argent dont il a
besoin, avec pour conséquence qu'il doit donc maintenant
couvrir les déficits ( qui correspondent grosso-modo aux
intérêts payés) en empruntant sur le marché
financier?
- Pourquoi refuse t-il de lancer les grands travaux
dont nous avons besoin (ferroutage, enfouissement des lignes
électriques, investissement dans la recherche, développement
des énergies renouvelables, indépendance logicièle
et informatique, etc, et en allant plus loin, l'aide aux PVD sous
forme de "plan Marshall")
Je n'ai pas de réponse
à ces dernières questions ... Qui nous a mis dans cette
"m...e" en négociant le Traité de Maastricht?
Quels fonctionnaires, quels "politiques", de quel droit et
pour quels avantages personnels (ou simplement par bétise) ?
... et tout cela me rend furieux!
.
L'État
dit "je n'ai pas d'argent", alors qu'il a tout fait pour ne
pas en avoir.
L’État dit "je n’ai pas d’argent
pour créer de l’emploi ", alors que l’emploi n’en
consomme pas,
"Coûter cher" signifie
simplement "coûter beaucoup de travail... "
C’est
justement l’objectif recherché pour résorber le
chômage.
Cordialement
AJH
7. Economie réelle et économie symbolique, Comment la comptabilité a déformé ...
Bonjour
Il importe de bien faire
la différence entre L'ÉCONOMIE RÉELLE ET
L'ÉCONOMIE SYMBOLIQUE...
J'aurais pu titrer aussi:
"Comment la comptabilité a déformé ce qui
était simple!"
L’économie réelle
est celle des biens matériels et des ressources
naturelles.
L’économie symbolique est celle de la valeur
des choses, des cours (matières premières,
monnaies...), de l’argent.
Les richesses réelles sont
concrètes, ce sont toujours des biens matériels. Leur
représentation symbolique est toujours abstraite et s’exprime
en unités monétaires.
Nous regarderons leurs
différences grâce à deux courtes histoires
:
Histoire 1: Les dix commerçants
Dans une
petite ville, dix commerçants vivaient en bonne intelligence.
Tous réalisaient un bénéfice de 25 % sur chaque
vente. Un beau matin, l’un d’eux reçoit la visite d’un
client qui lui achète un objet de 1000 F contre deux beaux
billets de 500 F tout neufs. Heureux de cette aubaine, notre
commerçant décide d’acquérir un objet de même
valeur, qu’il convoitait depuis longtemps chez son voisin sans
pouvoir l’acheter ; il lui remet les 2 billets. Le deuxième
commerçant en use de même avec le troisième ; et
ainsi de suite jusqu’au dixième.
Bonne journée
pour tous. Ils ont enregistré un honnête gain de 25 %,
soit 250 F chacun. Hélas, le lendemain, il faut déchanter,
les billets étaient faux. Nos neuf commerçants, mus par
un sentiment de solidarité, s’accordent pour verser au
dernier, qui a donc gardé les billets, les 2/5 de leur
bénéfice, soit : 100 F x 9 = 900 F.
Ainsi, tous sont
payés. Et il reste à chacun un bénéfice
de 150 F issu des deux faux billets. Du point de vue comptable,
l’opération est impeccable. Tout le monde est satisfait, le
percepteur et les volés presque autant que le
voleur.
Moralité de cette histoire : L’ensemble des
commerçants a été dépossédé
d’une valeur matérielle, emportée sans paiement par
un escroc, mais cette opération augmente leur bénéfice
comptable.
Il est à noter que si ces faux billets
avaient circulé 100 fois (au lieu de 10), c’est 10 fois plus
de bénéfices comptables qui auraient été
réalisés... et on revient au fait que l’injection de
monnaie (vraie de préférence) dans un système
économique, génère une activité
multiplicatrice, cette activité étant également
multipliée si la « vitesse de rotation » de
l’argent augmente (l’argent qui tourne génère de
l’activité et de l’emploi, l’argent stocké dans
un bas de laine n’en génère pas).
Le problème
(l’astuce ?) de cet apologue des 10 commerçants est que,
dans la réalité de notre monde, le dernier escroqué
(celui qui s’aperçoit que les billets sont faux) est le seul
qui en est de sa poche, car, dans cette même réalité
les différents intervenants (commerçants) antérieurs
ne se grouperont sûrement pas pour partager leurs bénéfices,
même s’ils ont été réalisés par
circulation de fausse monnaie... Mais, je répète, il ne
s’agit que d’un apologue...
Histoire 2: Les
Valbans et les Mélans
Il était une fois deux
pays, la Mélanie et la Valbanie, qui vivaient en bonne
intelligence. Les Mélans produisaient beaucoup de blé,
quelque mille tonnes de plus que leur consommation. Mais ils
manquaient fortement de briques pour la construction. Or, quand elles
tournaient à plein régime, les fabriques valbanes de
briques en produisaient quelque mille tonnes en excédent. Mais
tout s’arrangeait parce que les Valbans étaient friands du
blé importé de Mélanie.
Curieusement, les
prix de revient du blé et des briques étaient
identiques : 100 piastres la tonne.
Pour prendre une juste mesure
de la qualité des relations qui s’étaient nouées
entre les divers producteurs de chaque pays et les divers
importateurs de l’autre, il faut savoir qu’en ce temps-là,
la conjoncture était bonne et les prix stables : jour après
jour la cotation du blé et celle des briques se maintenaient à
100 piastres la tonne.
C’est ainsi que les briques servaient de
fret de retour aux navires apportant en Valbanie un blé très
apprécié par sa population.
La réalité
matérielle est favorable : les producteurs des deux pays
enrichissent leurs collectivités de biens matériels et
les échangent rationnellement.
Un observateur naïf,
n’ayant pas subi de formation classique, serait tenté
d’assimiler ces transactions à du troc. "Ces
affaires-là, penserait-il, sont sages et bonnes puisqu’elles
satisfont aux intérêts des deux parties, qui se défont
de leurs surplus pour acquérir des produits qui leur
manquent."
Mais voici qu’à la suite d’un
événement extérieur, la conjoncture mondiale se
détériore. Les cours du blé et des briques
s’effondrent. Chacun baisse de moitié et c’est la
catastrophe économique. Le troc serait resté identique
mais les producteurs de blé et les fabricants de briques
déposent leurs bilans, faute de pouvoir supporter une perte de
40.000 piastres. Les échanges cessent aussitôt, au grand
dam des habitants des deux pays amis.
Moralité à
ce supplément de la fable : C’est la comptabilité qui
a déguisé cette réalité en calamité
financière, qui n’aurait eu sans cela aucune incidence
pratique pour les deux producteurs.
Deux déductions
s’imposent :
La première : Il y a deux sortes de biens
:
- les biens réels (matériels, concrets) : ce sont
par exemple : une récolte de pommes, l’achat d’un appareil
photo, l’audition d’un concert. En somme : « tout bien ou
service dont on peut profiter ».
- les biens financiers
(symboliques) : ce sont par exemple le produit de la vente des pommes
ou de l’appareil photo ainsi que la recette du concert. C’est la
quantité d’argent que reçoit le vendeur. Il s’agit
de « l’image des ventes réelles ».
La
seconde : Il n’y a pas nécessairement concordance entre ces
deux biens. Il peut même y avoir opposition entre eux. En effet
:
- il est possible d’enrichir la collectivité en perdant
à titre individuel (fabriquer des produits appréciés
par ses clients et devoir déposer le bilan car on n’est pas
rentable face à une concurrence externe ou sauvage).
- il
est aussi possible d’appauvrir la collectivité en gagnant à
titre individuel (détruire une partie de sa production pour
maintenir les cours).
Finalement :
=> L’économie
traditionnelle ne mesure que des représentations symboliques
(prix de revient, chiffre d’affaires, taux de rentabilité...).
=> L’économie traditionnelle ne se préoccupe
pas des richesses réelles produites par l’action des hommes
pour répondre à leurs besoins ou à leurs désirs.
Elle ne se préoccupe pas non plus des avantages ou des dangers
de ces productions.
Pour paraphraser Korzybski, l’économie
traditionnelle oublie que « le mot n’est pas la chose »,
ou bien que « la carte n’est pas le territoire ». De
même, la comptabilité n’est pas l’entreprise.
La
confusion entre ces deux notions justifie par exemple :
-la mise
en jachères, l’existence de quotas, la destruction des
surplus... dans le seul but de maintenir les cours.
-le maintien
de la fabrication de produits dangereux (amiante, sang contaminé,
drogue...) ou la génération de pollution (rejet dans
l’air ou dans l’eau) pour des raisons de rentabilité
financière
Note: Réflexion « utopique
» d’une régulation douanière simple : «
La régulation semi-automatique des échanges
internationaux »
Voici, simplifié à
l’extrême, un schéma de « régulation
douanière bivalente » dont résulterait, entre les
nations qui l’adopteraient, un marché non pas « commun
» comme celui dont nous subissons les agressions anarchiques,
mais « solidaire ».
Supposons trois nations (ou
nations groupées, tels l’EEC ou les USA), A, B, et C,
soucieuses d’établir entre elles un marché solidaire
équilibré par les mécanismes d’une régulation
douanière bivalente. Elles commencent par confier à des
statisticiens le soin de calculer les tarifs douaniers propres à
réaliser, au départ, un équilibre approximatif.
Une étude des trois marchés en cause conduit aux
constatations suivantes : les prix sont de 100 chez A, 125 chez B,
150 chez C, comptés en même unité.
Ces données
statistiques acquises, la solution du problème relève
de l’arithmétique la plus simple : il s’agit d’élever
de 25 % et 50 % les marchandises produites par A lorsqu’elles
franchissent les frontières de B et de C, et d’abaisser à
100 le prix des marchandises qui font le chemin inverse. Les recettes
douanières encaissées par B et par C sont affectées
à cet usage. Les « prix exportation » de ces deux
pays étant ramenés à 100, le même tarif
douanier reste applicable aux échanges entre eux.
Ce
mécanisme suffirait à équilibrer inviolablement
les échanges entre les trois pays en cause. L’organisation
d’un marché solidaire accessible à deux nations, à
dix nations ou à toutes les nations du monde libre ne
présenterait guère de difficultés théoriques
ni pratiques. Chaque nation établirait elle-même son
tarif douanier en fonction de ses vocations économiques
particulières, sans abandonner la moindre parcelle de sa
souveraineté.
Bien entendu, le présent schéma
est abusivement simplifié. Les difficultés de sa
réalisation pratique sont, en matière de détails,
passablement nombreuses, notamment sur le plan juridique.
Des
traités de toutes sortes semblent y opposer toutes sortes
d’obstacles, mais aucun n’est insurmontable ni même très
sérieux. Au demeurant, ce moyen d’obtenir l’équilibre
des échanges internationaux n’en est guère qu’un
parmi beaucoup d’autres. En le décrivant sommairement,
l’objectif poursuivi est de montrer que des moyens fort simples
peuvent suffire à résoudre des problèmes réputés
insolubles.
Cordialement
AJH
8. Les évolutions génératrices de la crise
Bonjour
Voyons les quatre
évolutions génératrices de la crise
"structurelle"
Les évolutions
technologiques : les machines peuvent remplacer l’homme.
Si
une production de 1000 E a été faite pour 800 E par des
hommes et pour 200 E par des machines, cette production n’a
distribué au maximum que 800 E de pouvoir d’achat.
Mais
avec 800 E on ne peut acheter la production que pour 800 E et non pas
pour 1000 E car les machines n’ont pas de pouvoir d’achat. Le
manque de pouvoir d’achat entraîne donc la chute des prix, ce
qui oblige encore à accroître la rentabilité donc
à remplacer des hommes par des machines.
C’est une
spirale sans fin. De plus, pour maintenir les cours, il y a parfois
destruction des surplus dans un monde qui a faim.
Les
évolutions commerciales : le libre-échange est sans
régulation.
Dans ce cas c’est une concurrence
sauvage qui impose une recherche effrénée de
rentabilité.
L’écoulement des biens et des
capitaux est fluidifié par la suppression des frontières
et ainsi il n’y a plus de coupe-feu. Les salaires de misère
pratiqués en Extrême-Orient tirent les prix vers le bas
et motivent les délocalisations.
Les prix baissent, les
revenus diminuent, le chômage et l’exclusion
s’amplifient.
Les évolutions financières :
les taux de change flottants induisent la spéculation.
L’argent
est maintenant une marchandise qui se vend et s’achète !
Les
taux de change sont déterminés par les flux financiers
internationaux (environ 1.000 milliards d'euros par jour), 50 fois
supérieurs aux échanges commerciaux qui ne représentent
que 2 %.
Le rôle régulateur des marchés est
devenu un mythe. L’argent ainsi « gagné » par
des jeux financiers spéculatifs et improductifs vient enrichir
la sphère financière et il est soustrait au monde
économique des échanges.
Les évolutions
monétaires
Les États ont abdiqué leur
droit de créer leur monnaie ; ils empruntent au « marché
» pour financer leurs déficits.
Ainsi, tout
développement économique avec accroissement de
richesses réelles se traduit par une augmentation des dettes,
donc une augmentation des intérêts à payer. Les
impôts ne peuvent qu’augmenter alors que les gains de
productivité devraient les faire diminuer, et de plus ils sont
alourdis encore plus par le « remboursement » de la dette
sociale.
• • •
LES CONSÉQUENCES de chacune
de ces quatre évolutions majeures conduisent à une
diminution régulière du pouvoir d’achat
distribué.
LA RÉSULTANTE conduit à la
situation suivante : des porte-monnaie vides devant des magasins
pleins.
=> En continuant à ne rechercher que la
rentabilité immédiate, le système économique
génère la misère dans l’abondance.
Le
problème est d’ordre monétaire
=> Il y a
chômage parce qu’il y a pénurie de monnaie et
insuffisance de pouvoir d’achat.
Toutes les mesures prises pour
aider l’emploi ont été sans effet autrement qu’à
la marge ; elles n‘ont pas pris en compte l’aspect monétaire
neutralisé dans les théories économiques
libérales (voile de la monnaie) et elles n’ont eu pour but
que d’aider la production, comme si nous étions encore en
période de pénurie.
Cordialement
AJH
9. L’anémie monétaire du circuit économique est bien la cause essentielle du chômage
Bonjour
Il est intéressant
d'établir les relations entre M1, P.I.B. et taux de chômage
afin d'essayer de démontrer que l’insuffisance de la masse
monétaire est la cause de ce taux de chômage.
Avant
tout, quelques précisions d’ordre général en
ce qui concerne les « masses monétaires ».
Il
existe quatre « agrégats » monétaires qui
s’emboîtent les uns dans les autres :
M1, regroupe tous
les moyens de paiement, billets, pièces, dépôts à
vue (c’est-à-dire la monnaie scripturale). En résumé
c’est M1 qu’on appelle la masse monétaire et elle comprend
la monnaie fiduciaire (billets et pièces) ainsi que la monnaie
scripturale (dépôts à vue).
M2, regroupe M1 et
la quasi-monnaie, c’est-à-dire les comptes sur livrets que
l’on peut liquéfier sur-le-champ.
M3, regroupe M2 et tous
les avoirs à court terme gérés par les banques
(Sicav, Fonds communs).
M4, regroupe M3 et les titres négociables
à court terme émis par le Trésor (Bons du
Trésor) et par les institutions non bancaires (Crédit
Foncier, Caisse des Marchés de l’État).
L’agrégat
M4 est maintenant supprimé dans les bilans de la BCE, et se
trouve inclus dans M3.
M2 et M3 sont des « ensembles vides
». Il n’y a de monnaie que dans M1 car la comptabilité
de ces agrégats M2, M3 ne représente que des «
transits » ; comme le disent les économistes, ce sont
des « bulles monétaires ». Nous ajoutons que leur
caractéristique est qu’elles sont vides.
Contentons-nous
de vous laisser voir les relations existantes entre M1 (masse
monétaire en circulation), le PIB et le taux de
chômage...
Constatation des évolutions de M1, du
PIB, du chômage
Dans le tableau qui suit, les trois
colonnes de droite représentent des « possibilités
» à partir des données des colonnes M1, PIB,
Vitesse de rotation de M1 et pourcentage de chômage
La
vitesse de rotation est le nombre de "circuits" que réalise
la monnaie en un an, de quoi produire le PIB. Elle ne se "décrète"
pas, c’est juste une donnée qui est une observable à
postériori et sur laquelle les pouvoirs publics ne peuvent
avoir aucune prise, sauf à créer un impôt sur la
thésaurisation (thèse de Gesell).
Pour que mon
tableau "tienne" sur le forum, j'ai été
obligé de rajouter des zéro devant les chiffres... mais
au cas ou, après l'année (de 5 en 5), vous avez les
éléments suivants: M1 | PIB | Vitesse de rotation de M1
| % de chômage | PIB possible avec chômage = 0 | M1
souhaitable en gardant la même vitesse de rotation |
Insuffisance de M1
Année |
M1 |
PIB en Mds Frs |
Vr(M1) |
%(chômage) |
PIB possible, chômage=0 |
M1 souhaitable, Vr(M1)=cte |
Insuffisance de M1 |
2000 |
2481,0 |
9216 |
3,7 |
09,9 % |
10128 |
2737 |
256 |
1995 |
1823,0 |
7675 |
4,2 |
11,6 % |
08690 |
2064 |
241 |
1990 |
1685,2 |
6509 |
3,9 |
08,9 % |
07150 |
1851 |
166 |
1985 |
1301,6 |
4700 |
3,6 |
10,2 % |
05242 |
1452 |
150 |
1980 |
0678,4 |
2808 |
4,1 |
06,3 % |
03001 |
0725 |
047 |
1975 |
0426,5 |
1468 |
3,4 |
04,1 % |
01531 |
0445 |
018 |
1970 |
0234,2 |
0794 |
3,4 |
02,5 % |
00814 |
0240 |
006 |
1965 |
0177,2 |
0483 |
2,7 |
01,5 % |
00491 |
0180 |
003 |
1960 |
0095,8 |
0297 |
3,1 |
01,4 % |
00301 |
0097 |
001 |
Pour 2000, le PIB a été
de 9216 Milliards de francs. Il aurait été de 10128
Milliards de francs si tous les chômeurs avaient travaillé
[9216 x 109,9 % ]. Mais dans ce cas la masse monétaire aurait
dû être de 2737 milliards de francs en conservant la
vitesse de rotation de 3,7 (calculée par le quotient PIB
divisé par M1).
L’augmentation à #4,1 de la
vitesse de rotation de la monnaie aurait le même effet puisque
dans ce cas une masse monétaire de 2481, qui "tourne "
4,1 fois dans l'année, aurait produit 10172 milliards de F de
PIB…
À vitesse constante de rotation de la monnaie
(3,7), il aurait donc fallu (en 2000) un excédent de masse
monétaire de 256 milliards de francs pour assurer le plein
emploi. Et la surprise est de constater que cela représente
quasiment l’intérêt de la dette nationale, somme
prélevée dans le monde réel économique
pour enrichir le monde symbolique, financier.
Nous voyons
bien que dans les années 60 à 70 "l'insuffisance
de M1" était très faible ... et que le taux de
chomage l'était également .. la dégradation a
commencé en 1975 pour atteindre des sommets à partir de
1985, année où l'écart entre la masse monétaire
réelle et la masse monétaire souhaitable a été
de 150
L’anémie monétaire du circuit
économique est bien la cause essentielle du chômage
Nous
allons essayer de démontrer l’affirmation que l’anémie
monétaire est la cause essentielle du chômage
Un
petit calcul simple va l’illustrer. Soit :
N = la population
totale du pays
a = le pourcentage des actifs dans le pays
t =
le taux de chômage
q = la production moyenne par actif au
travail
Relation entre chômage et monnaie en
circulation
Allez, courage, un peu d’algèbre...
L’équation générale des transactions utilisée
par Irving FISHER, dès 1894, relie la production vendue PV à
la masse monétaire M en circulation et à la vitesse de
circulation v de la monnaie : PV = M x v
La production totale PT
du pays est :
PT = q x (N x a) x (1- t) [La production totale
d’un pays est égale à la production moyenne par actif
multiplié par le nombre d’actifs.]. Ceci semble assez
évident... Ils sont compliqués ces économistes
!
Toute la production est vendue si PV = PT,
donc, si M x v =
q x (N x a) x (1 - t) [… si la Masse monétaire multipliée
par la vitesse de rotation de la monnaie est égale à la
production totale d’un pays...]
En extrayant le terme « t
» (taux de chômage), on obtient la relation :
t = 1 -
[(M x v) / (q x N x a)] […. le taux de chômage est égal
à 100 % diminué de la masse monétaire multiplié
par la vitesse de rotation de celle-ci, ce dernier terme divisé
par la production moyenne par actif, ou, dit autrement : le taux de
chômage est égal à 100 % diminué de la
production vendue divisé de la production moyenne par
actif.]
=> Donc, si la masse monétaire est égale
à zéro ou bien que la vitesse de rotation de la monnaie
est nulle, le taux de chômage est égal à 1 soit
100 %.
=> Donc, si la masse monétaire qui circule
[représentée par (M x v)], reflète exactement la
production, on a (M x v = q x N x a) et le taux de chômage est
nul (t = 1 - 1 = 0).
=> Donc, il est illusoire d’espérer
réduire le chômage sans une injection de monnaie
suffisante.
A ceci je rajoute que quand je parle "d'injection
de monnaie", je veux parler de la monnaie permanente, et non de
monnaie temporaire issue des demandes de crédit et
"productrice" d'intérêts (monnaie
payante)...
Et pour répondre tout de suite à
l'objection habituelle de ceux qui, entendant parler d'injection
monétaire, pensent immédiatement "planche à
billet"... non! l'injection de monnaie n'est pas inflationniste
à deux conditions:
- capacités productives
inemployées (en équipement et en hommes, c'est-à-dire
jusqu'à un chômage plancher que les économistes
estiment à 2%)
- elle doit être concommitante avec la
production .. augmentée en même temps que la production
augmente, diminuée si la production diminue, de telle manière
que la monnaie en circulation permette d'acheter la
production..
Cordialement
AJH
10. Le saviez-vous ?
Bonjour
Juste quelques chiffres
pour réfléchir .. on reprendra quelques explications
demain
Saviez-vous
que?
Les gouvernements autour de la planète consacrent
1.000 milliards de dollars américains à la défense,
tandis qu'ils dépensent seulement 50 milliards de dollars pour
le développement.
En pleine guerre du vietnam, les
américains ont dépensé jusqu'à 8
milliards de dollars par jour pour maintenir leur armée dans
cette région. Ce fut d'ailleurs une période d'abondance
matérielle et financière sans précédent
pour les américains...
Plus proche de nous, la guerre
actuelle: Coût
de la guerre en Irak (compteur)
Quand je l'ai pris (23
juillet 2004) c'était environ 124 milliards de dollars.
On
peut donc réfléchir à cette question:
Quelle
différence cela ferait-il pour l'économie américaine
si au lieu de bombes ils avaient "parachuté" (c'est
une image, évidemment) de l'outillage agricole, des
réfrigérateurs, des écoles et du matériel
hospitalier?
S'ils avaient proposé ce plan, ne croyez-vous
pas que la coalition aurait été beaucoup plus étoffée
?
Saviez-vous également que:
*En 1960, les 20 %
de la population mondiale vivant dans les pays les plus riches
avaient un revenu 30 fois supérieur à celui des 20 %
les plus pauvres.
... alors que, en 1995, il était de 82
fois supérieur, et que dans plus de 70 pays, le revenu par
habitant est inférieur à ce qu'il était il y a
vingt ans, et que près de 3 milliards de personnes - la moitié
de l'humanité - vivent avec moins de 2 euros par jour.
*
Les 3 personnes les plus riches du monde possèdent une fortune
personnelle de 200 milliards d'euros
... alors que le PIB cumulé
des 48 pays les plus pauvres, le quart des États du monde, est
inférieur à ce montant.
* Le plus riche, Bill
Gates, a triplé sa fortune personnelle en 3 ans. Elle est
maintenant de plus de 100 milliards d'euros...
... alors que 70
pays les plus pauvres se sont encore plus appauvris et que 100 francs
permettent à une famille malgache ou africaine de manger
pendant un mois
*Les 200 personnes les plus riches détiennent
1000 milliards d'euros en capital personnel.
Un prélèvement
sur le capital de moins de 4% annuel suffirait pour donner à
toute la population du globe l'accès aux besoins de
base.......
... alors que le budget annuel de l'UNESCO, en faveur
d'1,8 milliards d'enfants en difficulté dans le monde, est 100
fois plus faible.
* Si on estime les revenus des 200 personnes
les plus riches à seulement 7% de leur capital, ces revenus
représentent plus de 70 milliards d'euros par an. ...
...
alors que, avec ces 70 milliards annuels on peut nourrir 400 millions
de personnes affamées...
* L'ensemble des salaires
versés en France annuellement est de 400 milliards d'euros ,
mais à elles seules, les transactions spéculatives sur
les monnaies (et elles ne sont en aucune façon ni productives,
ni taxées) représentent dans les "mauvais jours"
1000 milliards d'euros par jour ...
... alors que taxées à
seulement 0,1% (Taxe Tobin), elles fourniraient des recettes
d'environ 360 milliards d'euros par an. Partagée entre les
pays collecteurs et un fond à destination des pays pauvres,
les pays collecteurs augmenteront leurs capacités
d'investissements collectifs et les pays pauvres verront la faim et
d'autres maux disparaître en quelques années.
*
La Citibank, en spéculant sur les devises au cours du seul
premier semestre 98, a réalisé un bénéfice
de 0,5 milliards d'euros, avec 350 employés...
... alors
que dans le même temps les 140 000 employés de Peugeot
ne permettaient à l'entreprise que de dégager un
bénéfice sensiblement équivalent.
...
alors que des 4,5 milliards d'habitants que comptent les pays en voie
de développement, près d'un tiers n'ont pas accès
à l'eau potable, un cinquième des enfants n'absorbent
pas suffisamment de calories ou de protéines bien que les
disponibilités permettent à chacun des 6 milliards
d'habitants de la planète de disposer d'au moins 2700 calories
par jour. Encore faut-il qu'ils puissent être achetés
par les groupes humains qui en ont besoin..
... alors que 2
milliards d'individus - le tiers de l'humanité - souffrent
d'anémie, que 800 millions de personnes souffrent de
sous-alimentation chronique et que chaque jour 100000 personnes, dont
20000 à 30000 enfants, meurent de faim.
Il n'est bien
évidemment pas question de se culpabiliser en permanence...
mais il ne faut pas oublier ces chiffres.
Cordialement
AJH
11. Reconsidérer la richesse !
Bonjour
De nouveaux éléments
de réflexion qui complètent les 10 précédents,
pour vous aider à changer votre point de vue sur l'économie ...
L'introduction
du rapport "Reconsidérer la richesse" réalisé
par Patrick VIVERET, Conseiller référendaire à
la Cour des Comptes, en janvier 2002, commence par ces paragraphes:
''Nous avons la preuve permanente que notre représentation
actuelle de la richesse, et l'usage contre-productif que nous faisons
de la monnaie, aggrave les problèmes auxquelles nos sociétés
sont confrontées au lieu de nous aider à les résoudre.
Dans la plupart des dossiers qui ont été au cœur des
débats publics de ces derniers mois, de la vache folle à
l'Erika, de l'amiante aux accidents de la route, des conséquences
de la grande tempête de décembre 1999 à la crise
des carburants de l'automne 2000, il y a toujours un élément
commun que l'on oublie curieusement de rappeler : ces catastrophes
sont des bénédictions pour notre Produit Intérieur
Brut , ce chiffre magique dont la progression s'exprime par un mot
qui résume à lui seul la grande ambition de nos
sociétés matériellement développées
et éthiquement sous développées : LA CROISSANCE
!
Plus de destructions = plus de PIB
Car les
centaines de milliards que coûtent à la collectivité
ces destructions humaines et environnementales ne sont pas
comptabilisées comme des destructions mais comme des apports
de richesse dans la mesure où elles génèrent des
activités économiques exprimées en monnaie. A
supposer que nous n'ayons aucun accident matériel ou corporel,
ni morts ni blessés sur les routes de France l'année
prochaine, notre PIB baisserait de manière significative, la
France perdrait une ou plusieurs places dans le classement des
puissances économiques et l'on verrait nombre d' économistes
nous annoncer d'un ton grave que la crise est de retour.
Les
activités bénévoles font baisser le PIB
Dans
le même temps, toutes les activités bénévoles
qui, grâce en particulier aux associations loi 1901, dont nous
nous apprêtons à fêter le centenaire, ont permis
d'éviter ou de limiter une partie des effets de ces
catastrophes, par exemple en allant nettoyer les plages polluées
ou en aidant gratuitement des handicapés, n'ont, elles, permis
aucune progression de richesse et ont même contribué à
faire baisser le produit intérieur brut en développant
des activités bénévoles plutôt que
rémunérées. Autant dire que nous marchons sur la
tête et que dans le même temps où l'on va célébrer
le rôle éminent des associations, nous continuerons à
les traiter comptablement, non comme des productrices de richesses
sociales mais comme des "ponctionneuses de richesse économiques"
au titre des subventions qu'elles reçoivent.
Il est
temps de changer de représentation
Il est donc plus que
temps de nous atteler à ce chantier considérable du
changement de représentation de la richesse et de la fonction
que joue la monnaie dans nos sociétés. Définir
l'évaluation comme une délibération sur les
valeurs, La question des "indicateurs" qui relève
des outils ne peut donc être dissociée de celle des
"critères" qui relève du débat sur les
fins. "Oui à l'économie de marché, non à
la société de marché" Il s'agit, on l'a
compris, de retrouver, à l'aube de ce siècle, la force
originelle du principe associatif , celle qui cherche, à
travers et au delà l'économie, à substituer la
logique coopérative des jeux gagnants/gagnants à la
logique guerrière des jeux gagnants/perdants. "
Les
indicateurs de développement humain
La philosophie
générale des "rapports mondiaux sur le
développement humain" vise à rétablir le
lien entre l'économie et l'éthique à rebours du
mouvement historique que nous avons relaté dans la première
partie de ce rapport. Ils sont nourris, depuis 1990, par un
indicateur composite, l'IDH, indicateur de développement
humain .
L'introduction du rapport de 1996 situe bien la
triple perspective du projet : (*PNUD, Rapport mondial sur le
développement humain, 1996.)
- "le développement
humain est une fin dont la croissance économique est le
moyen";
- " les dernières décennies
montrent on ne peut plus clairement qu'il n'existe pas
automatiquement de lien entre croissance économique et
développement humain";
- " il importe de
consacrer davantage d'attention à la qualité de cette
croissance afin de s'assurer qu'elle accompagne les objectifs que
sont le développement humain, la réduction de la
pauvreté, la protection de l'environnement et la viabilité
à long terme du développement''
Nous sommes, on
le voit, d'emblée sur le terrain d'une recherche qui place au
premier plan les deux richesses fondamentales oubliées par
l'économie dominante : les humains et leur environnement
naturel. C'est pourquoi, note le rapport, "les biens ne doivent
pas être valorisés intrinsèquement, mais
considérés comme les instruments de la réalisation
de certaines potentialités telles que la santé, la
connaissance, l'estime de soi et l'aptitude à participer
activement à la vie de la communauté"
Les
10 poncifs sur la richesse; extraits de ce rapport
1.
Le PIB est un bon indicateur de la richesse créée.
De
la vache folle à l'Erika, de la tempête de décembre
1999 aux accidents de la route ou à l'explosion de l'usine AZF
à Toulouse : toutes ces catastrophes sont des bénédictions
pour notre produit intérieur brut ! Les centaines de milliards
de francs qu'elles coûtent à la collectivité ne
sont pas comptabilisées comme des destructions, mais comme des
créations de richesse : dès lors qu'il faut payer des
garagistes pour réparer les voitures endommagées, des
cimentiers pour brûler les farines animales ou des médecins
pour soigner les victimes de la pollution, des valeurs ajoutées
monétaires sont enregistrées dans les comptes. Ce qui
contribue à gonfler le PIB (produit intérieur brut).
2. Seules les entreprises produisent de la
richesse
Notre système économique repose sur
la stricte séparation entre, d'un côté, des
entreprises considérées comme seules productrices de
richesse et, de l'autre, des activités sociales et écologiques
financées par prélèvement sur cette richesse. Un
tel mythe condamne les associations à quémander leurs
moyens d'existence à l'État ou à les rechercher
sur le marché, faute de disposer de ressources directement
liées aux richesses sociales qu'elles contribuent à
créer ou à préserver. En termes de comptabilité
nationale, les associations concourent à faire baisser le PIB
en développant des activités bénévoles
plutôt que rémunérées. Ce système
pervers fait des services publics un secteur suspecté en
permanence de parasitisme.
3. Les indicateurs de
productivité de l'ère industrielle sont toujours
valables
Nous disposons d'outils de mesure de la
productivité forgés pour favoriser une croissance
matérielle de nature industrielle. Ceux-ci s'avèrent
largement contre-productifs lorsqu'il s'agit d'affronter les trois
grands défis de l'avenir : entrée dans l'ère
informationnelle, enjeux écologiques, rôle des services
relationnels (éducation, santé…) dans notre
développement. Ainsi, en matière de santé, ce
qui compte n'est pas le nombre de visites chez le médecin,
mais le fait de savoir si l'on est guéri ou, mieux, si l'on
échappe à tel ou tel risque. Or, dans la comptabilité
actuelle, plus on fait de prévention, plus on casse la
croissance (puisqu'on consomme moins de médicaments et
d'heures d'hospitalisation) !
4. La monnaie sert
d'abord à faciliter l'échange
Exact, mais
pour une part seulement. Le mot "payer" vient du latin
pacare, qui signifie pacifier et Montesquieu a développé
une théorie du " doux commerce " comme alternative à
la guerre. Mais, si la monnaie remplit cette fonction lorsqu'elle
facilite l'échange entre partenaires, elle devient facteur de
violence quand elle se fait outil de domination d'un capitalisme
relevant plus de la volonté de puissance que du désir
d'échange. Que des personnes désireuses d'échanger
et de créer des activités ne puissent le faire au motif
qu'elles sont insolvables est en contradiction avec la théorie
de la monnaie comme outil d'échange.
5.
L'argent reste le fondement de tout système d'échange
Le
système d'échange le plus universel entre les êtres
humains est en réalité celui du temps. Celui-ci remplit
d'autant mieux les rôles d'unité de compte et de moyen
d'échange traditionnellement dévolus à la
monnaie que ses unités (heures, minutes, secondes) ont
l'avantage, contrairement à l'argent, d'être
universellement reconnues et invariables. Bref, ce qu'on appelle
l'argent, et qui n'est en fait que la " monnaie de marché
", n'est qu'un cas particulier de l'échange de temps. Il
serait plus judicieux de dire que " l'argent, c'est du temps "
plutôt que " le temps, c'est de l'argent ".
6.
C'est la rareté qui fait la vraie valeur d'un bien
Nous
définissons la valeur, au sens économique, par la
rareté. Mais cette intuition devient fausse lorsqu'elle dénie
toute valeur à des biens non rares mais dont la perte serait
irréparable : l'air est abondant et gratuit, mais sa
disparition condamnerait l'espèce humaine. Ce qui montre que
la valeur marchande est un sous-ensemble d'un système de
valeurs plus élevé, dont il suffit de simuler la perte
pour découvrir l'importance.
7. Les ressources
planétaires sont insuffisantes pour satisfaire tous les
besoins
La guerre économique actuelle, que l'on
nous présente comme liée à des logiques de
rareté et de survie, se situe dans un contexte où les
besoins fondamentaux des six milliards d'êtres humains peuvent
être satisfaits. Les chiffres du Pnud (Programme des Nations
unies pour le développement) sont éloquents : il
faudrait environ 40 milliards de dollars par an pour éradiquer
la faim, permettre l'accès à l'eau potable pour tous,
pour les loger décemment et combattre les grandes épidémies.
Soit dix fois moins que pour les dépenses mondiales de
publicité !
8. L'économie est née
de la nécessité d'affecter des ressources rares
Dans
la plupart des cas, ce n'est pas la rareté mais l'abondance
qui caractérise la nature : que l'on pense à
l'abondance des espèces, des cellules et, de manière
générale, à la formidable profusion dont
témoigne le phénomène de la vie… Loin que
l'économie apparaisse comme l'activité de base,
condition de toute survie, elle est beaucoup plus, à partir de
sa réinvention moderne au xixe siècle, l'idéologie
dominante de la société industrielle.
9.
L'économie joue un rôle central dans toutes les sociétés
humaines
S'il est un trait commun à la plupart des
civilisations, c'est la subordination du travail, de la production
et, plus largement, de la sphère économique à
des activités ou des valeurs jugées plus fondamentales
comme la politique, la culture, la philosophie. Même Adam
Smith, le père de notre économie politique, estimait
que le vrai rôle de l'économie était, en
organisant l'abondance, de réunir les conditions pour
construire ensuite une " république philosophique ".
Quant à Keynes, il considérait que l'économie
devrait occuper, à terme, une place réduite dans
l'activité sociale et les économistes accepter que leur
rôle ne soit pas plus important que celui des " dentistes
".
10. Il n'y a pas d'alternative au plan
international sur ces questions
Dès aujourd'hui, on
peut s'appuyer sur un courant de recherche international pour
faciliter la transformation de nos systèmes de représentation
de la richesse. En témoignent les indicateurs de développement
humain et de pauvreté élaborés par le Pnud, ceux
de l'Union européenne sur des indicateurs environnementaux et
sociaux, le débat récent sur la " responsabilité
sociale de l'entreprise " et même certaines études
de la Banque mondiale et de l'OCDE sur " le capital social "
et le " capital naturel ". Enfin et surtout, l'exigence
croissante de la société civile mondiale pousse les
acteurs institutionnels et économiques à bouger sur
cette question : la rencontre de Québec " globaliser la
solidarité ", organisée par les acteurs de
l'économie sociale et solidaire, et le Forum social mondial de
Porto Alegre ont tous inscrit la reconsidération de la
richesse à leur ordre du jour. Du coup, il devient difficile
d'arguer du fait que la France ne saurait s'engager seule dans une
stratégie de transformation pour justifier l'immobilisme.
Hors des circuits commerciaux et financiers traditionnels, des
réseaux informels de solidarité se mettent en place
dans nombre de pays. Loin d'être négligeable, leur
action est aujourd'hui prise en compte par les autorités.
Cordialement
AJH
12. Épistémologie économique : changer les paradigmes de l'économie
Bonjour
Épistémologie
économique - Réflexion inspiré d’une
publication de Daniel Favre et Philippe Foucou (symposium écrit,
9° livraison, août 1995, Institut de la Méthode,
Bienne – CH)
Qu’est ce que l’épistémologie
?
La définition d’Éric Schwarz est la suivante
: « L’épistémologie étudie les méthodes,
les outils, les présupposés de la science, le non-dit,
ce qui va de soi, ce que tout le monde fait sans se poser de
question, bref, ce qu’on tient pour vrai »
Les
problèmes économiques : problèmes d'économie
ou problèmes d'épistémologie?
Les
médecins et les physiologistes qui ont refusé
collectivement pendant plus de 100 ans la théorie d'Harvey sur
la circulation sanguine présentaient-ils tous un déficit
intellectuel majeur pendant toute cette période ?. … non,
évidemment pas . Seulement, un changement de paradigme
nécessite le plus souvent de surmonter des obstacles
épistémologiques qui désignent « des
représentations induites en particulier par les expériences
premières que nous avons associé à un concept »
(Bachelard). Cette notion d'obstacle permet de comprendre les raisons
de l’exemple de la circulation sanguine. Face à un
changement de paradigme, les partisans d’un ancien paradigme ne
sont pas sensibles aux caractéristiques d’un nouveau ni aux
démonstrations qui réfutent l'ancien.
Les effets
des dysfonctionnements économiques actuels, qui contribuent à
plonger notre société dans le désarroi, ont
autant une origine épistémologique qu’économique,
car les applications du dogme des théories économiques
actuelles sont toutes fondées sur la gestion des ressources
rares (
Voir l'article: Pénurie et abondance ) .
Ce
paradigme actuel nous propose quatre choix pour assurer notre «
perdition » :
- soit par l’augmentation sans fin
du chômage
- soit par l’augmentation de l’inflation
-
soit par l’augmentation du déficit budgétaire
-
soit par l’augmentation du déficit extérieur.
…
la guerre étant la seule solution trouvée à ce
jour pour permettre à l’économie de dépasser
ces contradictions
Or, le concept de la monnaie a évolué
et s’est transformé au cours des siècles, des
coquillages à l’or, pour aboutir à une totale
dématérialisation (depuis 1978) qui a pour conséquence
qu’aucune monnaie n’a de contrepartie en matières
précieuses ou rares.
Or, si une collectivité a
1 – un besoin,
2 – la volonté de le satisfaire,
3
– les moyens techniques et énergétiques,
4 – Un
excès de main d’œuvre et le savoir-faire,
… Pourquoi
ne peut-elle réaliser ce besoin par faute de financement
?
L’obstacle épistémologique est le suivant
:
La monnaie reste conçue comme une réalité
matérielle (précieuse) de quantité finie donc
rare et épuisable, alors qu’elle ne l’est plus puisqu’elle
est dématérialisée et qu’un nouveau paradigme
devrait pouvoir être assimilé. Ce nouveau paradigme,
c’est celui dans lequel :
1 - Aucune loi physique n’empêche
un État, une Banque Centrale ou de second rang de créer
toute la monnaie nécessaire. Ne pas le faire est la
conséquence d’actes volontaires, de lois humaines.
2
- Contrairement à l’ancienne prémisse (ressources
rares), le nouveau est : comment écouler nos surplus pour
mieux satisfaire nos désirs et nos besoins dans le respect de
l’écologie planétaire ( abondance permise par le
progrès technologique)
3 - La création monétaire
peut être ajustée de telle manière à ce
que l’ensemble du pouvoir d’achat soit équivalent à
l’ensemble des productions susceptibles d’être vendues, et
ceci en fonction de trois paramètres :
a) le potentiel de
production
b) les désirs d’achat
c) les conséquences
écologiques
4 - L’équilibre des balances
commerciales est à prendre en compte car il ne faut ni
affaiblir les autres pays qui sont nos clients potentiels, ni
s’affaiblir, pour éviter le risque de dépendance.
5
– Le déficit budgétaire est signe que les créations
monétaires relatives aux échanges économiques
possibles à l’intérieur du pays sont
insuffisantes
Faut-il attendre que les responsables inventent
de nouveaux paradigmes ?
Non, il faut agir nous-mêmes! Nous
essayons, pour notre part, sur le site "societalism
"
Pour terminer cette série, je mets la suite
en ligne immédiatement "[AJH] 13 - Les démonstrations
du paradigme ", auxquels vous pouvez rajouter le premier forum
de cette série " [AJH]
1- La Dame de Condé " donc le but était
justement de vous montrer la caractéristique principale (et
peu connue) de la "fausse monnaie"
1 - la «
monnaie « fondante » ou « monnaie franche »
2
- Le "miracle monétaire" de Schwanenkirchen
3 –
Le « miracle monétaire » de Wôrgl :
4 -
Ithaca
5 – Un « plan Marschall Européen ?
»
Cordialement
AJH
Bonjour
Cette page fait suite au
forum précédent "[AJH] 12- Épistémologie
économique : Changer les paradigmes de l'économie"
Vous
trouvez ci dessous cinq titres:
1 - la monnaie "fondante"
ou "monnaie franche"
2 - Le "miracle monétaire"
de Schwanenkirchen
3 – Le "miracle monétaire"
de Wôrgl :
4 - Ithaca
5 – Un "plan Marshall
Européen ?"
auxquels il faudrait rajouter le
petit apologue du premier forum de cette "série "[AJH]
1- La
Dame de Condé dont le but
était justement de vous montrer une caractéristique
principale (et peu connue) de la monnaie.
Merci d'avoir suivi
ces forums.. Vous ont-ils, comme je le souhaitais, apportés
"un autre regard sur l'économie et sur l'argent" et
permis un tant soit peu de sortir de la "pensée unique"
?
Je pars en vacance quelques semaines, mais je serai content
ensuite d'essayer de répondre à vos questions et de
poursuivre cette réflexion avec vous sur le thread au choix du
gestionnaire de "onnoucachetout".
Cordialement
AJH
13.
Les démonstrations du paradigme
1 - la « monnaie «
fondante » ou « monnaie franche »
Comment
une solution simple a amené à relancer
l’économie.
Silvio Gesell, un Belgo-Allemand, avait fait
une rapide fortune en Argentine à la fin du XIXe siècle.
Revenu au pays, il étudia à fond les problèmes
des monnaies, assujetties ou non à perception d’intérêt
par leurs émetteurs. Avant la guerre de 14, il conçut
son maître livre, L’Ordre Économique Naturel
(Ed’Uromant-Bruxelles-1918). Il y posait les bases de la Monnaie
Franche qui n’est pas vraiment une monnaie puisqu’il n’y a
aucun intérêt à la thésauriser.
Keynes
a écrit en 1936 que « le futur apprendrait plus de
l’esprit de Gesell que de celui de Marx » (cf. La théorie
générale d’emploi, intérêt et Argent,
Londres 1936 - réimprimée 1967 - p.355).
Cette
monnaie, pour tourner plus vite et fertiliser au mieux le corps
économique, perdait 1 % de son montant, à date
mensuelle fixe ; perte qu’il fallait compenser par un timbre de 1 %
collé sur le dos du billet pour qu’il puisse circuler.
Cette accélération (d’un facteur 4 à un
facteur 8... ) était due, selon Fischer, à l’effet
psychologique de la perte à éviter (par l’acheteur).
Utilisée 20 fois (dont 3 en France) lors des grandes
crises économiques, elle permit des métamorphoses
incroyables :
- À Wôrgl (Autriche, 1932-33), elle
résorba en 11 mois un chômage au taux de 60 %.
- En
1956, à Lignières-en-Berry (France), elle ressuscita en
un an une petite ville ruinée par la désertification
des campagnes, comme le relate Science et vie n° 488, et
l’utilisation des « bons d’achat » émis par le
Maire fut ensuite interdite par De Gaulle.
- Mêmes effets à
Marans (France) en 1957-58.
- Et à Porto Alegre (Brésil)
en 58.
- En 33-34, aux USA, bien qu’elle ait été
utilisée très maladroitement (selon L. Fischer, qui
avait étudié de près ses procédures en
Europe), elle créa des redressements inespérés
dans 14 villes. Le Congrès s’apprêtait à la
légaliser quand le projet de « New Deal » de F.D.
Roosevelt fit tout stopper.
2 - Le "miracle monétaire"
de Schwanenkirchen
En 1919, se forma en Allemagne une
association "franchiste" qui avait pour but l'instauration
générale d'une "économie franche"...
Finalement, un ami du défunt Silvio Gesell, Hans Timm, émit
un "billet d'échange" qu'il appela "Wara",
mot symbolique composé avec Ware : marchandise et Warung:
valeur monétaire. Son organisation s'appela: "Société
d'Echanges Commerciaux Wara"
Cette monnaie libre fut
émise en valeur nominale de 0.5, 1, 2 et 5 wara et pouvait
être acquise par les membres de l'association pour un nombre de
marks correspondant. C'est seulement dans des cas d'extrême
urgence que la wara devait être reconvertie en marks. Tout
adepte de cette doctrine se devait de faire passer l'intérêt
de la collectivité avant le sien propre mais avec l'espoir de
profiter par la suite des avantages acquis au nom de la
collectivité...
L'avantage de l'argent sur la
marchandise réside dans le fait que toute marchandise perd de
sa valeur avec le temps tandis que l'argent conserve la sienne.
D'autre part, les franchistes veulent que l'argent ne soit autre
qu'un moyen d'échange qui a pour seule couverture la confiance
dans le travail et l'activité du peuple qui s'en sert. En
outre, les franchistes sont d'avis qu'une monnaie qui diminue
progressivement de valeur circulera beaucoup plus vite et sera ainsi
plus productive qu'une monnaie qui soi-disant ne perd pas de sa
valeur... mais qui peut être thésaurisée et
servir aux spéculations de toutes sortes...
Pour
débuter, les franchistes créèrent dans un cercle
restreint de leur organisation cette monnaie d'échange...
Unité de la wara = un mark. Perte de valeur: 1 % par mois,
compensable par le collage d'un timbre. Jusqu'en 1931, la Wara ne
retint pas l'attention du grand public...
Schwanenkirchen :
1927-1930
Schwanenkirchen est une petite commune de la
forêt bavaroise, une contrée sauvage, isolée, aux
communications difficiles et archaïques. Un pays où le
matériel "roulant' usagé rend ses derniers
services avant sa réforme définitive, où des
centaines de villages ne connaissent ni canalisations d'eau ni
électricité, où les enfants font des kilomètres
à pied en sabots pour aller à une école dont le
maître doit s'occuper de sept classes à la fois...
La
région est triste: l'exploitation des mines est arrêtée,
les carrières abandonnées, les artisans chôment,
les commerçants attendent vainement de problématiques
clients, les marchands de bestiaux traînent sur des dizaines de
kilomètres avec leurs bêtes inhabituées à
la marche par un trop long séjour dans les étables, et
reviennent des "foires" sans avoir pu réaliser la
moindre affaire.
La mine de Schwanenkirchen est abandonnée.
Elle avait été exploitée par une société
anonyme avec administrateurs, directeur, contremaîtres et tout
un appareil bureaucratique complexe. Celle mine qui produisait un
charbon de qualité moyenne, avait fait vivre les ouvriers des
environs ainsi que les commerçants et était un des
facteurs économiques principaux de l'endroit... Or, la société
fit faillite et l'exploitation fut abandonnée.
C'est
alors que l'ingénieur Hebecker acquit la mine aux enchères
dans le secret espoir de l'exploiter à son compte. Hélas
! il ne trouva personne pour financer l'entreprise. Qui aurait voulu
investir des capitaux dans une contrée aussi
inaccessible.
Ainsi faute d'argent, plus âme qui vive ne
descend dans les galeries, les eaux dépassent le fond de 50
mètres, les mineurs vont par de tristes sentiers au bureau du
chômage et l'ingénieur habite seul à côté
de son puits noyé... Une misère inhumaine règne
dans tout le pays.
Schwanenkirchen : 1930-1931
La
mine a brusquement repris son activité... Des pompes
puissantes aspirent l'épaisse couche de liquide, des
scaphandriers descendent la tour d'extraction qui avait été
incendiée est reconstruite; à un rythme régulier
les ascenseurs montent et descendent et les wagonnets emportent le
charbon a la gare à une cadence jamais connue. Le
fonctionnaire du bureau de chômage ne voit plus ses soixante
habitués... les restaurants sont remplis de consommateurs, les
bouchers de Hengersberg vendent tous les samedis leur quintal de
viande, les propriétaires des bureaux de tabac entendent avec
plaisir la sonnette de leur magasin, les quincailliers font un
chiffre d'affaires inaccoutumé, les costumes et les chaussures
se vendent comme jamais auparavant... Toute la contrée a pris
un aspect de gaîté et d'espoir... Et ceci au moment même
où le monde entier subissait les jours sombres de la crise
économique générale (la "crise de
29").
Que s'était-il passé?
Voici en
quelques mots la clé du mystère:
L'ingénieur
Hebecker était franchiste. Voyant les portes de toutes les
banques se fermer devant lui, il s'adressa à ses amis
franchistes leur demandant la possibilité d'une avance de
fonds en leur faisant remarquer que c'était une excellente
occasion de propagande pour la société. Ceux-ci
comprirent toute l'importance d'une expérience pratique et
donnèrent 50000 wara à Hebecker.
Alors une chose
stupéfiante commença. Pendant qu'à Berlin et
dans toutes les capitales du monde, les ministres s'affairaient
vainement sur les problèmes de crise, baisse des prix,
économies, chômage, la petite agglomération de la
foret bavaroise, Schwanenkimhen, en se rendant indépendante,
se soustrayait à la misère mondiale.
Comment cet
ingénieur réalisa ce prodige?
lI fit rassembler les
mineurs réduits au repos forcé depuis des années
et leur annonça que le travail dans la mine pouvait reprendre.
Il leur déclara qu'il n'avait pas d'argent pour les payer mais
quelque chose qui pouvait en tenir lieu pour peu qu'ils fassent
confiance à cette "wara". Les mineurs examinèrent
les "billets jaunes" et répliquèrent à
l'ingénieur que leur propre confiance avait beaucoup moins
d'importance que celle du boulanger, du cordonnier et des commerçants
en général... qui devaient leur donner -en échange-
des matières comestibles, des vêtements, etc.
Ne
rencontrant pas assez de compréhension cher les producteurs et
les commerçants de la région, Hebecker organisa alors
une cantine alimentée par ses amis franchistes d'Allemagne
centrale qui, eux, acceptèrent la "wara" en
paiement. Quelques semaines plus tard, l'ingénieur eut la
visite des commerçants fort mécontents de ce système
qui, d'après leurs doléances, leur enlevait
définitivement- toute possibilité de vivre. Ils
voulurent avoir de plus amples détails sur ces "billets"
et l'assurance de gagner de l'argent en les utilisant. Le patron de
la mine leur expliqua que la plus grande partie du salaire de ses
ouvriers allait au boulanger, puis de celui-ci au boucher qui les
donne à son tour au tailleur, au cordonnier, au forgeron et
ainsi de suite... c'est-à-dire que ces billets peuvent -mieux
encore que l'argent de l'Etat - rester constamment en circulation.
Mieux encore que les billets officiels qui sont thésaurisables.
Il leur déclara en outre qu'au cas où d'importantes
sommes de wara devraient s'accumuler, les franchistes s'engageraient
"exceptionnellement" à les rembourser contre des
marks.
A partir de ce moment-là, le "nouveau
système monétaire" fonctionna comme une machine
bien réglée. Hebecker a remis an route la mine, occupé
quarante ouvriers et "revitalisé" l'économie
dans trois villages.
Quand après deux ans de chômage
consécutifs, les ouvriers touchèrent leur première
paie, aucun d'eux n'avait intérêt à garder un
seul centime. La totalité de leurs appointements alla aux
commerçants pour couvrir les dettes et pour acquérir
les denrées de première nécessité. Les
commerçants, réticents et sceptiques d'abord, durent se
rendre à l'évidence qu'aucune autre monnaie n'étant
aux mains des consommateurs, il valait mieux l'accepter que manquer
la vente. Ils ne tardèrent pas à remettre leurs "wara"
aux grossistes et producteurs ; ces derniers cherchaient à
placer le plus rapidement possible leurs billets et
s'approvisionnèrent en charbon à la mine Hebecker.
Ainsi fut établi le circuit de la "wara" dont une
grande partie retournait à la mine pour se transformer en
salaire tout en contribuant à améliorer le bien-être
général. Quelques mois après, cette petite
localité était méconnaissable. Tout le monde
avait payé ses dettes et un air de franc optimisme soufflait à
travers le pays...
Le succès de cette expérience
-au milieu de la crise économique mondiale- se répandit
dans toute l'Allemagne. Des reporters venus de tous les horizons pour
être témoins oculaires du "miracle de
Schwanenkirchen" affluèrent dans le pays. Même les
U.S.A. en parlaient dans leurs journaux financiers. Sans toutefois
donner la vraie raison du miracle, ils mentionnèrent
simplement l'essai d'une monnaie dynamique, inthésaurisable.
Il n'est pas douteux que si Hebecker avait tenté de remettre
la mine en route avec 40000 D.M., il aurait abouti à un échec
certain. L'argent serait passé en une ou deux mains seulement
et chacun l’aurait gardé -en réserve- en raison des
mauvaises conjonctures économiques...
Pour terminer
l'histoire de la "wara", il fàut ajouter que dans
toute l'Allemagne, des milliers de commerçants l'acceptèrent
et que d'autres communautés comptaient appliquer ce système
monétaire. Disons encore que ce mouvement eut une certaine
influence en Allemagne :il combattit la politique déflationniste
du gouvernement Broning et beaucoup de gens trouvèrent du
travail.
Mais le gouvernement se mit à s'occuper de
l'affaire sous prétexte que la "wara" était
une monnaie et son émission en contravention avec un droit que
seul l'Etat possède. Au tribunal, la "wara" gagna le
procès. Mais le gouvernement continua son opposition en
prétendant qu'elle pouvait conduire à une dangereuse
inflation... hélas! le gouvernement ne sut pas faire la
distinction entre inflation qui part à zéro pour
atteindre des chiffres astronomiques et la modeste "wara"
qui part au bord du précipice pour ramener l’économie
sur la terre ferme sans pour cela demander une aide extérieure...
Finalement, l'arbitraire peut arrêter le bon sens: la wara fut
interdite. Le résultat ne se fit point attendre:
Schwanenkirchen et les autres villages pour lesquels la wara était
"le fluide vital" de la machine économique furent de
nouveau réduits au marasme complet...
Un décret
du Chancelier Brûning en date du 30 octobre1931, interdit
forrnellement en Allemagne l'usage de la wara, de la monnaie timbrée
et des bons d'échanges en général... La France
ne s'est pas montrée plus libérale que l'Allemagne
puisqu'elle interdit le fonctionnement des "Mutuelles
d'échanges" que quelques pionniers franchistes avaient
instituées dans notre pays...
Pour conclure ce bref
exposé, nous allons donner le point de vue des
intéressés:
Les commerçants "Nous
sommes heureux de perdre 1% par mois du moment que nous pouvons
compter régulièrement sur le salaire de quarante
ouvriers. Sans la "wara", la mine serait morte, les
ouvriers au chômage et notre recette nulle. Une monnaie
"timbrée' est préférable à une
monnaie fantôme".
Les ouvriers : "Nous ne perdons
pas les 1% mensuels, notre salaire va immédiatement dans les
magasins d'alimentation où nous n'avons plus aucune difficulté
à les placer Nous serions heureux d'avoir beaucoup de "wara",
car sans leur institution, nous serions encore dans la misère".
Les
franchistes: "La wara cette petite coupure jaune signée
par des inconnus- ne contrevient à aucune loi car ce n'est pas
une monnaie! La wara n'est qu'un "instrument d'échange"
émis par la "S.E.C. Wara". Ce n'est pas de l'argent
: la wara n'a pas de couverture et n'est pas remboursable. D'autre
part, la wara ne rapporte pas d'intérêt et ne se prête
pas à la spéculation...".
3 – Le «
miracle monétaire » de Wôrgl :
Voici
une analyse détaillée du « miracle monétaire
» de Wôrgl.
Dans L’Illustration du 9 septembre 1933,
Claude Bourdet terminait en ces termes un article sur la métamorphose
de Wôrgl : Wôrgl est devenu aujourd’hui un lieu de
pèlerinage pour tous les « économistes libres »
du monde entier...
Le 17 février 1934, dans une conférence
radiodiffusée par plusieurs radios américaines, le
professeur Fisher recommandait Wôrgl comme le meilleur exemple
de cette « monnaie datée » qu’il souhaiterait
voir introduire partout. Il la déclarait seule capable de
combattre la pauvreté et le chômage.
Que s’était-il
passé ?
Auparavant, la ville de Schwanenkirchen, dans une
situation dramatique due à la crise (1931), avait retrouvé
la prospérité en quinze mois. Grâce à la «
monnaie franche » de S. Gesell. Celle-ci perdait sa valeur si
on n’y apposait pas un timbre de 1 % au 30 de chaque mois. Elle
tournait plus vite et permettait plus d’échanges ; car les
possesseurs de billets cherchaient à éviter de payer
cette « taxe à l’inertie ».
La commune
autrichienne de Wôrgl était une petite ville
industrielle. En 1932, elle comptait 4300 habitants, dont 1500
étaient chômeurs (60 %).
Les impôts ne
rentraient pas et la situation financière de la ville était
désastreuse.
Voulant mettre fin à ce marasme, le
bourgmestre avait suivi avec intérêt l’expérience
de Schwanenkirchen. Pour vaincre les difficultés de trésorerie
de son administration, il décida de se servir de la «
monnaie franche ».
« L’incitateur » serait la
municipalité après accord avec une majorité de
citoyens, ouvriers, commerçants, ainsi que la Caisse
municipale d’épargne.
L’application pratique fut la
suivante : tous les employés municipaux (y compris le maire)
toucheraient 50 % de leurs appointements en « monnaie franche »
et les nouveaux seraient totalement rétribués avec
cette monnaie.
Conformément à ce plan, il fut émis
32.000 schillings le 1er août 1932 en billets de 1, 5 et 10...
Les résultats tangibles
Certains commerçants
de Wôrgl, tout comme à Schwanenkirchen, refusèrent
au début d’accepter cette monnaie qui avait une trop grande
ressemblance avec la monnaie légale ; mais quand ils se
rendirent compte de l’intensité de la circulation et
constatèrent que les employés et ouvriers municipaux
achetaient dans les boutiques qui acceptaient cette monnaie
auxiliaire, l’esprit de concurrence reprit bien vite le dessus et
ils suivirent l’exemple des autres...
Or, après
l’introduction de la « monnaie franche », non seulement
les impôts courants furent payés, mais la ville réussit
à solder tous ses arriérés, elle put faire
exécuter, dans le deuxième semestre 1932, 100.000
schillings de travaux : sept routes neuves, sept km d’asphaltage ;
douze nouvelles rues furent projetées... On étendit le
système de canalisations. On planta des arbres, on reboisa la
forêt... La vie économique prit une intensité
incroyable... Et il y eut du travail pour tous !
Les banques
profitaient également de cette activité retrouvée.
Au
1er janvier 1933, Wôrgl avait une nouvelle piste de ski
(tremplin) et une piscine... Un nouveau pont en ciment armé
portait l’inscription : « Construit en 1933 avec de l’argent
libre ».
Déjà plusieurs communes voisines
allaient être admises par Wôrgl dans le système.
C’est alors qu’une plainte contre le maire de Wôrgl fut
déposée à la Cour suprême de Vienne... Le
Conseil municipal contre-attaqua... en prouvant :
- que la
commune avait pu payer tous ses arrérages sur les impôts
(120.000 schillings),
- qu’elle avait réussi à
exécuter bon nombre de travaux publics de première
nécessité,
- que le chômage avait été
complètement résorbé,
- que l’économiste
américain, le professeur Irving Fisher, de l’Université
de Yale, avait envoyé en décembre 1932 une commission
pour étudier cette expérience,
- qu’il ne
s’agissait que d’une « monnaie auxiliaire » et non
d’une monnaie véritable.
Rien n’y fit ! De procès
en procès, la Banque d’Autriche plaida l’atteinte à
son privilège d’émission par cette monnaie «
hérétique » (sic). La commune fut obligée
de retirer ces « bons »...
La manière dont le
tribunal a débouté Wôrgl de son recours montre
qu’elle reconnaissait les effets très positifs de cette
expérience, qui avait conduit à une reprise économique
rapide, mais qu’elle refusait de la laisser poursuivre, renvoyant
de ce fait les citoyens à la misère.
M.B.Issautier
(D’une révolution économique et monétaire -
1961) analyse ainsi ces expériences :
Une analyse plus
fine de ces expériences de « monnaie fondante »
laisse quand même supposer que l’effet économique
n’est pas tant dû au fait que cette monnaie présentait
cette caractéristique (ce que nous retrouvons dans les
périodes de forte inflation), mais au fait qu’elle n’était
pas créée par une banque et un mécanisme
d’endettement. Il s’agissait donc de « monnaie permanente
».
4 – Ithaca : Article du NOUVEL OBSERVATEUR -
Jean-Paul Dubois
Cette ville de l'État de New York
a sa propre monnaie et se passe très bien d'un billet vert
qui, selon ses habitants, ne sert qu'à enrichir les
multinationales.
Vous savez la meilleure ? Ça marche !
Ce
que l'on fait? On est au chaud, dans une voiture, et l'on suit un
homme qui pédale sur son vélo par une température
proche de zéro. Ce que l'on voit? Un casque blanc en
polystyrène, le bout d'une barbe rousse et le dos voûté
de ce cycliste qui peine sous un voile de pluie et les bouffées
du vent. Sa roue arrière remonte une gerbe d'eau qui ruisselle
en cascade sur son anorak. On a eu beau insister, tout à
l'heure, pour l'emmener dans la berline, il n'a rien voulu entendre :
« Je ne conduis pas les automobiles. Et je ne m'assieds pas
davantage dedans. C'est ma philosophie. » La scène se
passe à Ithaca, État de New York. Dans cette ville, la
firme Borg Wagner fabrique, pour le monde entier, les boîtes
automatiques des voitures les plus réputées. Mais pour
changer de vitesse, Paul Glover vous dira que l'on n'a jamais rien
inventé de mieux qu'un bon dérailleur à câble.
C'est comme ça. Et il n'y a pas à discuter : "Je
n'aime pas ce qui pollue. Je refuse aussi de prendre l'avion. À
la rigueur, parfois, quand je n'ai pas le choix, j'emprunte le train.
Lorsque, de surcroît, vous apprenez qu'il y a quelques années
cet homme a mis six mois pour effectuer à pied la diagonale
Boston-San Diego "afin de découvrir à quoi
ressemblaient vraiment les tempêtes, les orages, les hommes et
les animaux de ce pays", vous pensez avoir affaire à un
flâneur fêlé,
Et vous ne pouvez pas vous
tromper plus allègrement. Car L'homme qui là, devant
nous, trempé jusqu'aux os, mouline dans la tourmente est
l'économiste le plus astucieux de l'État, le "banquier
alternatif" le plus populaire, le plus zazou, et le plus à
gauche que la finance ait jamais connu. Le "New York Times",
le "Wall Street Journal", "Associated Press" et
même le magazine ultracapitaliste "Across the Board"
lui ont consacré de longs articles dithyrambiques.
Cela est
d'autant plus surprenant qu'il n'y a sans doute pas au monde
quelqu'un qui méprise plus l'argent en général
dollar en particulier que Paul Glover. Au point d'inventer et de
lancer en 1991, dans sa ville, une nouvelle unité monétaire.
Dont il imprime lui-même les billets. Et que la plupart des
commerçants, des administrations et même une banque
acceptent. A Ithaca, on estime que 2 millions de dollars de cette «
monnaie de singe » sont aujourd'hui en circulation. Cette
devise locale s'appelle l' "Ithaca hour". Et, consécration
suprême, George Dentes, le procureur du comté, a
récemment annoncé « qu'il en cuirait aux
aigrefins tentés de contrefaire les talbins bigarrés
bricolés par Glover puisqu'ils seraient désormais punis
aussi sévèrement que s 'ils fabriquaient des faux
dollars ». Je dirais que cela devrait être même
plus durement sanctionné, ajoute Paul. Car l'Ithaca hour est
une monnaie réelle dont la contrepartie représente le
travail palpable de gens qui existent, tandis que le dollar est une
monnaie de Monopoly des espèces dépecées de
toute matérialité, qui n'ont plus d'équivalent
or ni même argent, mais seulement celui d'une dette nationale
de 5 200 milliards de dollars. En Amérique, le plus grand
fabricant de fausse monnaie, c'est l'État .
Ne vous y
trompez pas. Ce discours n'est pas celui d'un quelconque milicien
antifédéraliste fascisant comme on en rencontre un peu
partout dans ce pays. Paul Glover serait plutôt tenant d'un
nouvel ordre économique bienveillant, reposant essentiellement
sur des marches de proximité, des marques de civilité
et des échanges de bons procédés. Évidemment,
une telle théorie mérite d'être explicitée.
Ancien publicitaire et journaliste, diplômé de gestion
municipale, Glover se met en 1991 à observer les mouvements de
l'argent dans sa ville. Ce qu'il voit. Les banalités de base
du capitalisme : de puissantes compagnies, de grandes chaînes
nationales de magasins qui s'installent à Ithaca pour aspirer
l'argent local avant de le réinvestir ailleurs.
Glover n'a
plus alors qu'une idée en tête. Désamorcer cette
pompe à finance, diminuer le débit de ce vorace
pipe-line, afin de le remplacer par un système d'irrigation en
circuit fermé. Que l'argent tourne, circule, soit, mais sur
place, entre soi. C'est alors que lui vient l'idée de l'Ithaca
hour, cette unité monétaire que l'on ne pourrait gagner
et dépenser que dans la Communauté. En vendant ou en
achetant des services et des biens produits localement. Et voilà
comment, pour lutter contre le capital, Glover se mit à battre
monnaie. Le plus difficile, dans cette histoire, fut bien sûr
de convaincre les 30 000 habitants de la ville et les 40 000
étudiants de la toute proche université Cornell que ce
papier singulier, qui sur ses deux faces proclamait narquoisement "In
Ithaca we trust ", était autre chose qu'une facétie
antitrust. Le temps et la nature même de ce séduisant
nouveau système d'échange se chargèrent
d'instaurer la confiance.
Comment ça marche? Le billet de
base, l'Ithaca hour, vaut 10 dollars, ce qui représente en
gros le salaire moyen horaire payé dans cette ville, explique
Paul Glover. Prenons maintenant un fermier qui vend pour 20 dollars
de fromage. À la place de la monnaie nationale, il reçoit
donc deux heures de travail gratuit. Avec ce petit capital, il achète
par exemple les services d'un menuisier, qui lui-même fait
appel au savoir-faire d'un mécanicien, lequel utilise ces
heures pour payer son chiropracteur, qui lui se sert de ces billets
pour s'offrir quatre places de cinéma, et ainsi de suite.
C'est un système sans fin qui grandit de lui-même, une
économie écologique, en vase clos, qui s'écarte
du dollar et où le temps de travail réel remplaces les
liquidités abstraites."
Au début, l'affaire ne
tournait que sur une centaine de commerces. Aujourd'hui, ce sont 1
450 boutiques et entreprises qui acceptent cette devise locale, et
une revue publiée tous les deux mois remet à jour la
liste des participants. À Ithaca, on peut pratiquement tout
acheter avec ces coupures. Des dîners en ville, des réparations
de toiture, des légumes, du mobilier et même des
voitures d'occasion. La mairie et la chambre de commerce ont avalisé
la devise, et l'Alternatives Federal Credit Union, une banque des
plus officielles, facture certaines de ses charges et quelques frais
de crédit en Ithaca hour, « Je ne suis pour rien dans le
succès de cette méthode » insiste Glover. «
Ce sont les gens de la ville qui ont permis que cela réussisse.
Parce qu'ils ont cru en ce système ».
Le plus
étonnant, c'est que ce système de troc moderne fait des
émules. Vingt-cinq villes, dont Hardwick (Vermont), Waldo
(Maine), Santa Fe (Nouveau Mexique) et Kingston (Canada), ont édité,
le plus légalement du monde, leur propre monnaie. Et cela
grâce aux conseils que Glover dispense sur Internet, mais aussi
avec l'aide de son kit de lancement, qu'il vend avec une vidéo
pour 40 dollars.
Une banlieue de Mexico tente, elle aussi,
l'aventure, et le jour de notre arrivée, sur son vélo,
notre hôte filait à un rendez-vous que lui avaient fixé
des émissaires zapatistes désireux de s'informer sur
cette nouvelle forme d'économie. "Ils cherchent un moyen
de rendre financièrement viable leur révolution, de
sortir des circuits classiques de L'argent, dit Glover. Vous savez,
cette forme de troc est très intéressante pour des pays
pauvres, et j'ai eu plusieurs contacts avec des États
africains."
En attendant, à Ithaca, on peaufine le
système.
La librairie Autumn Leaves est un peu la banque
centrale du système. (C'est ici que l'on vient changer ses
dollars en Ithaca hours, jamais l'inverse).
"Pas de
spéculation, pas d'inflation, observent Stephany Marx, le
gérant. Nous émettons de nouveaux billets quand cela
est nécessaire, a mesure que l'organisation grandit. Et, comme
toutes les banques, nous remplaçons les coupures endommagées.
Pour faire basculer les derniers sceptiques, voici un florilège
des appréciations que les habitants de la ville portent sur
leur monnaie. Michael, graphiste : "Les Ithaca hours sont la
meilleure chose qui soit arrivée dans notre cité depuis
l'invention du pain en tranche." Joe, marchand de disques: "Cela
reflète notre philosophie, stimule notre agriculture, notre
artisanat, et responsabilise nos vies." Danny, électricien
: "Notre argent reste ici et nous nous entraidons, plutôt
que d'enrichir des multinationales." Dave, professeur d'économie
: Cette organisation parallèle crée un lien de
solidarité et donne notamment la possibilité à
des chômeurs de trouver un emploi." Eli, rabbin : 'Les
"heures" sont une manière de rendre l'économie
humaine, d'y ajouter une note chaleureuse et fraternelle."
Charlie, fabricant de tambours: "Cette forme de troc nous
permet, à ma femme et à moi, de manger plus souvent au
restaurant." Bill et Cris, marchands de légumes: "Grâce
à cet argent local, davantage de gens achètent des
produits du terroir. Cela a fait augmenter nos ventes, et nous nous
offrons désormais des petits luxes que nous n'aurions jamais
pu nous payer en dollars. " Voilà succinctement résumée
l’œuvre magique de Paul Glover, ce cycliste activiste aimé
des zapatistes et célébré par la presse
capitaliste. Le jour de notre départ, à l'aéroport,
des vols ont été annulés é cause de la
force des bourrasques. En nous tendant une main amicale, Glover dit :
"Vous avez de la chance. Pour un mois de novembre, il fait
plutôt doux. Puis il enfourche sa bécane, ficelle son
casque sous son menton, toise les frimas, et tel un courant d'air
disparaît dans le vent.
5 – Qu’est ce qui empêche
un « plan Marshall Européen ? »
Voir un
article http://www.societalism.org/docs/marshall_europeen.pdf
: Éradiquer la pauvreté en Europe et dans les PVD.
La nécessité d'un « plan Marshall »
européen.
(Proposition retenue au "Congrès
Européen Citoyen" - Liège 22 et 23 septembre 2001
)
...dont la conclusion est la suivante:
si un
gouvernement peut émettre des « bons du Trésor »
ou des obligations d’État, il peut émettre des
crédits sans intérêt. Les deux sont des promesses
de payer, mais l'un plombe les prix, et l'autre aiderait les
populations. C'est une situation terrible lorsque le gouvernement,
pour augmenter la richesse nationale, doit s'endetter et se soumettre
à payer des intérêts ruineux à des
structures privées qui contrôlent la valeur fictive de
la monnaie. Dans un système où la monnaie est crée
par le système bancaire privé, avec intérêt,
chaque fois que nous voulons augmenter la richesse nationale d’un
pays, nous sommes forcés d’accepter une augmentation de sa
dette.
Un Plan Marshall Européen à destination
des PVD et de l'Europe elle-même "est possible" et
cela ne nous appauvrirait en rien, au contraire puisqu'il permettrait
de développer une production écologiquement orientée
en créant des emplois. C'est maintenant aux techniciens de la
monnaie et aux économistes de proposer un "schéma
pratique". Mais il est évident qu'il ne sert à
rien d'un coté d'aider ces pays pauvres par une action telle
que celle ci tout en les étranglant d'un autre en leur
réclamant une dette et les intérêts qu'ils ne
peuvent payer sans des sacrifices que nous n'oserions surement pas
demander à nos propres populations.